Les frères Boukherma mettent en lumière une France « en marge » dans Teddy

TEDDY - Photo du film © BAXTER FILMS / THE JOKERS FILMS

 

Première apparition en Sélection Officielle pour Ludovic et Zoran Boukherma, qui avaient déjà côtoyé la Croisette en 2016 avec leur premier long métrage Willy 1er, sélectionné à l’ACID. Pour leur second film, Teddy, les réalisateurs rendent hommage à leurs racines en filmant la France rurale dont ils sont originaires et livrent une œuvre hybride, entre film d’horreur et naturalisme social, qui affirme leur style cinématographique. Distribué par The Joker Films, le distributeur de Parasite (Palme d’or 2019), Teddy sortira dans les salles françaises le 30 juin.

Dans les Pyrénées, un loup attise la colère des villageois. Teddy, 19 ans, sans diplôme, vit avec son oncle adoptif et travaille dans un salon de massage. Sa petite amie Rebecca passe bientôt son bac, promise à un avenir radieux. Pour eux, c’est un été ordinaire qui s’annonce. Mais un soir de pleine lune, Teddy est griffé par une bête inconnue. Les semaines qui suivent, il est pris de curieuses pulsions animales…

En 2017, les frères Boukherma traitaient déjà la thématique du loup-garou dans leur court métrage La Naissance du monstre, mettant en scène l’actrice Christine Gauthier que l’on retrouve dans le rôle de Rebecca au casting de Teddy. Un projet aux prémices de leur second long métrage dans lequel les sujets de l’exclusion, de la marginalité et de leurs dérives sont abordées à travers la métaphore animale.

« En grandissant à la marge, en étant exclu, la colère peut naître et prendre plein de formes. La radicalisation en est une, par exemple. Le loup-garou en est une autre. » Zoran Boukherma

Une marginalité que Ludovic et Zoran Boukherma ont éprouvée durant leur enfance passée dans une petite ville du Lot-et-Garonne. Adolescents, ils expriment l’envie de fuir cette France profonde et rompre avec leur milieu social populaire. Partis étudier à Paris, ils intègrent respectivement la Cité du Cinéma et l’École de la Cité, deux établissements fondés par Luc Besson. À travers leurs réalisations, les frères jumeaux renouent aujourd’hui avec leurs origines et dressent un portrait sincère et touchant de la France rurale.

Et pour interpréter ces habitants de la « diagonale du vide », les réalisateurs se sont entourés de comédiens amateurs recrutés sur place ainsi que de la fantasque Noémie Lvovski qui apparaissait déjà dans Willy 1er, et d’Anthony Bajon, jeune prodige du cinéma français, récompensé par l’Ours d’argent du meilleur acteur à la Berlinale 2018 pour son rôle dans La Prière de Cédric Kahn.

Pour ce teen-movie d'épouvante accueilli avec enthousiasme au Festival du film américain de Deauville et à l’Étrange Festival du Forum des Images, les frères Boukherma revendiquent une culture plurielle et populaire propre à leur génération, nourrie aussi bien par les films de Truffaut, Spielberg et Bruno Dumont que par les séries télé et les jeux-vidéos, de quoi faire rire et émouvoir le plus grand nombre.