Palme d’or : les années 2000

Alicia Miles et John Robinson dans Elephant de Gus Van Sant © HBO

 

En 2007, le Festival de Cannes célèbre sa soixantième édition en invitant trente-cinq réalisateurs en provenance du monde entier à participer à la réalisation du film à sketches Chacun son cinéma. Au passage du nouveau millénaire, la manifestation s’interroge sur le cinéma de demain et se tourne vers le futur. Les Palmes d’or des années 2000 font la part belle aux cinéastes américains et européens : Gus Van Sant, Michael Moore, Lars Von Trier, Nanni Moretti, Ken Loach, Cristian Mungiu, Laurent Cantet, Michael Haneke… Retour sur une décennie de Palmes d’or, à voir et à revoir chez vous.

Dancer in the Dark de Lars von Trier (2000)

 

Björk est Selma, une mère célibataire tchèque émigrée aux États-Unis. Elle travaille sans relâche dans une usine miteuse pour pouvoir élever son fils Gene. Avec son amie Kathy (Catherine Deneuve), elle s’évade de son quotidien difficile par la danse et la chanson. Elle cache à tous qu’elle perd la vue et que son fils risque de subir le même sort si elle n’arrive pas à réunir l’argent pour lui payer une opération.

Dancer in the Dark est un mélodrame naturaliste d’un nouveau genre, pour lequel Lars von Trier a eu recours à cent caméras pour les scènes musicales. Également compositrice de la musique du film, Björk remporte cette année-là le prix d’interprétation féminine.

La stanza del figlio (La Chambre du fils) de Nanni Moretti (2001)

 

La Chambre du fils s’ouvre sur le quotidien paisible d’une famille italienne. Interprété par Nanni Moretti, Giovanni est psychiatre, et élève ses deux adolescents Irene et Andrea avec sa femme Paola (Laura Morante). Le noyau familial implose lorsque le fils, Andrea, meurt brutalement dans un accident de plongée.

« Ce n'est pas seulement un film sur la mort, c'est un film sur la vie » déclare Nanni Moretti à propos de son long métrage, qui pour la critique marque un tournant dans la maturité de son œuvre.

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The Pianist (Le Pianiste) de Roman Polanski (2002)

 

Dans les années 1980, Roman Polanski décline la proposition de Steven Spielberg de porter à l’écran La Liste de Schindler, jugeant l’histoire trop proche de la sienne. C’est à la lecture de l’autobiographie de Władysław Szpilman, Le Pianiste, que le cinéaste entreprend, plus de de vingt ans plus tard, de réaliser un film sur la Shoah.

Varsovie, 1939, un célèbre pianiste de Radio Pologne voit toute sa famille déportée après l’arrivée des troupes nazies. Contraint de se cacher dans les ruines du ghetto jusqu’à la fin de la guerre, il est découvert par un officier allemand mélomane qui décide de l’épargner.

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Elephant de Gus Van Sant (2003)

 

La caméra s’attarde sur différents élèves déambulant dans les interminables couloirs d’un établissement scolaire. Parmi eux, Eric et Alex s’apprêtent à ouvrir le feu. Elephant ou la journée meurtrière d’un lycée américain.

Avec ce film, Gus Van Sant s’empare d’un fait divers tragiquement banal : la tuerie du lycée de Colombine qui fit treize morts en 1999. Le titre est un hommage au court métrage éponyme d’Alan Clarke, réalisé en 1989. Pour le réalisateur, « Elephant, c'est ce qui se voit comme le nez au milieu de la figure, mais que tout le monde préfère occulter. » 

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Fahrenheit 9/11 de Michael Moore (2004)

 

Fahrenheit 9/11 est le second documentaire à obtenir la Palme d’or, après Le Monde du silence de Louis Malle et Jacques Cousteau en 1956. Véritable brûlot politique contre George W. Bush, Michael Moore y décrit les liens entre le Président des USA et la famille Ben Laden, la politique de terreur menée après les attentats du 11 septembre, et les véritables raisons de la Guerre en Irak.

Le film se conclut sur une citation de George Orwell comme ultime message : « Les guerres modernes n'ont pas pour but d'être gagnées ou perdues, elles doivent durer éternellement car elles permettent de maintenir la hiérarchie sociale en place. »

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L'Enfant de Luc et Jean-Pierre Dardenne (2005)

 

Après Rosetta en 1999, les Frères Dardenne reçoivent une deuxième Palme d’or pour L’Enfant, nouvelle dénonciation de l’injustice sociale. Dans la banlieue de Liège, Sonia (Déborah François) et Bruno (Jérémie Renier) vivent dans des conditions précaires. Lorsque Sonia accouche, Bruno vend leur enfant sur le marché noir. Mais la douleur de la jeune femme lui fait aussitôt regretter son geste. « Tout notre cinéma est inspiré de faits divers qui nous semblent définir le présent »Luc Dardenne.

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The Wind That Shakes the Barley (Le vent se lève) de Ken Loach (2006)

 

1922, dans la région de Cork. Damien O’Donovan (Cillian Murphy) assiste à l'exécution d’un innocent par les “Blacks and Tans”, les troupes anglaises envoyées en Irlande pour réprimer les insoumis. Le jeune médecin décide de rallier l’IRA aux côtés de son frère Teddy, s’engageant dans une lutte tragique pour l’indépendance de son pays.

Le titre original du Vent se lève est tiré d’une complainte irlandaise s’achevant ainsi : « Tandis qu'autour de sa tombe, j'erre, morne, la nuit, à l'aube et en plein midi / Mon cœur se brise quand j'entends le bruit du vent qui secoue l'orge. »

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4 luni, 3 săptămâni și 2 zile (4 mois, 3 semaines, 2 jours) de Cristian Mungiu (2007)

 

Dans la Roumanie dictatoriale de Ceaușescu, Gabita (Laura Vasiliu) entreprend de se faire avorter clandestinement avec l’aide de sa colocataire Otilia (Anamaria Marinca). 4 mois, 3 semaines, 2 jours : c’est l’âge qu’aura le fœtus lorsque Gabita mettra fin à sa grossesse.

Cristian Mungiu décrit son film comme une « une histoire sur l'avortement à une époque où cela était considéré comme un acte de liberté et de protestation contre le régime communiste. » 

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Entre les murs de Laurent Cantet (2008)

 

Entre les murs est l’adaptation du roman de François Bégaudeau, dans lequel l'écrivain joue son propre rôle. François enseigne le français à une classe de quatrième d’un collège de ZEP. Interpellé par ses élèves, il tente d’établir un dialogue avec eux. Mais ce face à face électrique lui coûte un dérapage.

« L’école crée sans cesse des situations géniales ; mais on sait bien en même temps qu’elle est, au final, discriminante, inégalitaire (…). Cette tension est celle du film. » Laurent Cantet

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Das weiße Band (Le Ruban Blanc) de Michael Haneke (2009)

 

Un instituteur se souvient d’étranges évènements qui ont marqué l’été 1913, dans un village d’Allemagne du Nord profondément ancré dans la tradition luthérienne. Le docteur, une paysanne, le fils du Baron, la sage-femme et son fils, sont tour à tour victimes d’accidents qui semblent avoir un caractère punitif. L’enquête pour trouver le coupable révèle la perversion sadique des adultes comme des plus jeunes.

Le titre du Ruban Blanc fait référence au tissu que le pasteur contraint ses enfants à arborer, symbole de la pureté à laquelle ils doivent aspirer.

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