Cannes 2022 : le jeune cinéma à surveiller

Les jeunes acteurs du casting de Close de Lukas Dhont © Jean-Louis Hupé / FDC

Au Festival de Cannes, une projection peut suffire à changer une vie. Les lumières se rallument et des artistes entrés inconnus dans la salle en sortent avec la reconnaissance de leurs pairs et du public. Forest Whitaker en témoignait à merveille au début de cette 75e édition, alors qu’il recevait une Palme d’or d’honneur. Pour toute une nouvelle génération de cinéma, l’heure est venue d’aspirer à d’aussi beaux horizons.

Compétition, consécration

La Compétition représente la sélection la plus prestigieuse, une consécration pour les équipes des films. Aux côtés de réalisateurs confirmés et déjà primés, des jeunes metteurs en scène prometteurs concourent cette année pour la Palme d’or avec leur deuxième long métrage.

Léonor Serraille et Lukas Dhont, de la Caméra d’or à la Compétition

Révélé par le Certain Regard en 2017, Jeune Femme raflait la Caméra d’or. La réalisatrice française rejoint cette année la Compétition avec Un petit frère et accorde là encore une place décisive aux acteurs qu’elle estime comme coauteurs du film.

En 2018, c’est Girl de Lukas Dhont, qui reçoit cette reconnaissance accordée à un premier film. Un pari payant pour l’avenir puisque le réalisateur belge est en lice pour la Palme d’or cette année avec Close.

Prix Un Certain Regard en 2018, Ali Abbasi rejoint la Compétition

Lauréat du Prix Un Certain regard avec Border il y a quatre ans, le réalisateur iranien était en Compétition cette année avec Holy Spider (Les nuits de Mashhad), l’une des séances les plus acclamées du public du Grand Théâtre Lumière.

Said Roustaee : entrée par la grande porte avec une merveille de cinéma

Avec Leila’s Brothers, le réalisateur du déjà remarqué La Loi de Téhéran épate avec des scènes de famille très originales dans le positionnement des personnages et les mouvements de caméra.

La Compétition regorge également d’interprètes exceptionnels. Margaret Qualley, troublante dans Stars at Noon de Claire Denis, Nadia Tereszkiewicz, révélation du film Les Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi ou encore Eden Dambrine impressionnant de justesse chez Lukas Dhont du haut de ses 15 ans.

Sang neuf à Un Certain Regard

Créée en 1978, cette sélection offre une vitrine de choix aux talents de demain. Une promesse renforcée ces dernières années avec un lot de premiers films frais et inspirants, et une tendance cette année : la volonté de mêler des acteurs pros et amateurs.

Saim Sadiq est le tout premier réalisateur pakistanais sélectionné à Cannes. Son film, Joyland, interroge le patriarcat à travers l’histoire d’un jeune homme tiraillé entre sa famille conservatrice et son amour naissant pour une danseuse transgenre.

Maksim Nakonechnyi entre en résonnance avec l’actualité en Ukraine. Natif de ce pays, il a présenté Bachennya Metelyka (Butterfly Vision), l’histoire d’une pilote en proie au traumatisme causé par une longue captivité dans les geôles russes.

Lola Quivoron signe elle aussi un premier film débordant d’énergie avec Rodeo. La réalisatrice s’immisce dans le milieu de la bike life, qu’elle connaît à la perfection.

Lise Akoka et Romane Gueret, quant à elles, placent le processus cinématographique au cœur de leur film. Les Pires raconte le casting d’un film tourné dans une cité du nord de la France. Une chronique sociale à la fois tendre et crue.

Riley Keough et Gina Gammell ont posé leur caméra dans la région de Pine Ridge pour raconter les désillusions des Amérindiens du Dakota du Sud. War Pony est le fruit d’un travail de préparation exigeant et inspiré, avec un casting d’acteurs non professionnels.

Lotfy Nathan nous emmène en terres tunisiennes dans Harka. À travers les injustices que subit Ali, le protagoniste du film, le réalisateur prend la température du pays, dix ans après le Printemps arabe.

Alexandru Belc a mis un pied dans le cinéma en tant que scripte sur 4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu. Avec Metronom, ce passionné de mémoire et d’histoire réalise sa première fiction et nous place dans les pas d’une adolescente dans la Roumanie de Ceaușescu.

Chie Hayakawa frappe fort avec Plan 75 et les questions du vieillissement et de l’euthanasie au Japon. S’il s’agit de son premier long métrage, Chie Hayakawa ne découvre pas le Festival de Cannes. Son film d’école Niagara comptait parmi la sélection de la Cinéfondation en 2014.

Retrouvez les Palmarès Un Certain Regard

 

Jeune Cinéma

C’est la nouvelle appellation de la structure « Cinéfondation » fondée en 1998 pour la recherche de nouveaux talents. La Sélection de films d’école « La Cinef » a retenu cette année seize courts et moyens métrages. Le Jury présidé par Yousry Nasrallah a choisi de donner le Premier Prix à Valerio Ferrara, issu du Centro Sperimentale di Cinematografia et auteur de Il Barbiere Complottista.

Retrouvez le Palmarès de La Cinef

Le Jeune Cinéma à Cannes compte d’autres dispositifs d’accompagnements artistiques et financiers parmi lesquels l’Atelier et la Résidence. Des cinéastes unanimement reconnus y ont fait leurs débuts, parmi lesquels Jessica Hausner, Nadav Lapid, Joachim Lafosse et Nadine Labaki. De quoi laisser rêveur ceux qui feront le cinéma de demain…