Official Film of the Olympic Games Tokyo 2020 SIDE A : interview de Naomi Kawase

Photo du film OFFICIAL FILM OF THE OLYMPIC GAMES TOKYO 2020 SIDE A de Naomi KAWASE © 2022-International Olympic Committee- All Rights Reserved.

La réalisatrice multi primée Naomi Kawase signe, avec Official Film of the Olympic Games Tokyo 2020 SIDE A, le film officiel des JO de Tokyo 2020 présenté à Cannes Classics en sa présence. Un véritable défi pour l’artiste japonaise, en pleine période de pandémie.

Qu’est-ce qui vous a intéressée dans ce projet ?

Quand j’étais jeune, je rêvais de devenir athlète. Le basketball était mon sport favori. J’étais attaquante et capitaine de l’équipe de mon école secondaire, qui a terminé en compétition au niveau national. À bien des égards, le sport a toujours été important pour moi. 

Ainsi, lorsque j’ai été approchée par le Comité International Olympique (CIO) pour devenir la cinéaste officielle de l’un des plus grands événements sportifs mondiaux, j’ai été incroyablement honorée. J’avais l’impression que mes deux vies s’étaient connectées.  

« La connexion entre le monde de l’athlétisme et la réalisation est profonde à mes yeux. »

Quel angle avez-vous choisi pour conter l’histoire des Jeux de Tokyo ? 

Nous avons commencé le tournage en juillet 2019. Les caméras ont continué de tourner alors que la pandémie de Covid-19 avançait, à travers les confinements et le report d’un an des Jeux Olympiques. Et, longtemps après la fin des Jeux, nous avons continué à filmer. Le résultat s’est traduit par 750 jours et 5 000 heures de séquences. Faire un film à partir de cet immense matériel s’est avéré une tâche herculéenne.

Au-delà des performances athlétiques inimaginables, d’incroyables histoires humaines ont émergé de ce processus. Des histoires comme celle des frères Mohamad et Alaa Maso qui malgré tout ce qu’ils ont enduré – le traumatisme de la guerre, la destruction de leur patrie, l’exil -, ont traversé les mers et les continents pour participer à leurs premiers Jeux Olympiques. 

Pour certains, comme la gymnaste Oksana Chusovitina, Tokyo était une huitième tentative pour remporter une médaille pour son pays d’origine, l’Ouzbékistan. Ensuite, il y a les histoires de mamans olympiennes comme Kim Gaucher et Aliphine Tuliamuk à la recherche d’un équilibre entre leur statut d’athlète et celui de mère.  Je trouve ma force dans la ténacité et la grâce de ces histoires. L’athlétisme ne consiste pas seulement à gagner ou à perdre, c’est aussi le voyage humain de l’essai, de l’effort pour devenir des « êtres humains complets », comme le dit Aliphine Tuliamuk dans le film.

Qu’est-ce qui vous a le plus impressionnée ? A t-il été difficile de filmer les athlètes pendant la compétition ?

Certes, filmer un événement sportif mondial comme les Jeux Olympiques pendant une crise sanitaire mondiale s’est accompagné de défis sans nul autre pareil dans l’histoire olympique. Pourtant, cela a permis de révéler des choses au sein de notre société qui avaient pu être négligées dans la conscience publique.

Les stades étaient vides. Les tribunes étaient plus discrètes et silencieuses. Et pourtant, il y avait tant de choses à voir : la lutte pour trouver notre place dans ce monde, l’équilibre perpétuel que doit trouver une mère athlète d’élite, la lutte pour que nos voix soient entendues. Ce sont des choses auxquelles nous avons tous été confrontés d’une manière ou d’une autre ces deux dernières années.

Cette dichotomie était frappante. Et je suppose que c’est ce que j’ai cherché à capturer dans le film, cette humanité. C’est la beauté du cinéma; il offre des espaces d’empathie et de compréhension.