Panos H. Koútras fait tomber les masques dans Dodo

Photo du film DODO de Panos H. KOUTRAS © DR

Dans une résidence luxueuse d’Athènes, la fille d’une riche famille au bord de la ruine est sur le point de se marier. C’est alors qu’un dodo, oiseau disparu depuis 300 ans, vient bouleverser les préparatifs. Dans Dodo, Panos H. Koútras filme une galerie de personnages qui tombent le masque.

Qu’est-ce qui est à l'origine de ce long métrage ?

Une idée qui m’obsédait depuis un moment : celle d’un étranger qui arrive chez vous et dont vous ne pouvez plus vous débarrasser mais qui, finalement, devient votre Deus ex-machina et vous sauve.

 

Pourquoi avoir choisi un dodo comme socle de cette histoire ?

L’histoire du dodo m’a toujours fasciné. Selon les chercheurs, il apparaît comme un animal charmant et amical, à l’allure insolite et comique, mais aussi à l’histoire singulièrement tragique puisqu’il a été exterminé par l’homme. Son histoire est universelle, elle parle à tous les peuples. Surtout à ceux qui ont été envahis ou chassés par plus fort qu’eux et n'avaient pas les moyens de se défendre.

 

Vous filmez une galerie de personnages qui tombent le masque…

Les héros du film sont des personnages hauts en couleur, mais ils sont surtout à un moment de leur vie où ils doivent faire face à une nouvelle réalité et en finir avec les mensonges sur lesquels ils ont construit leur vie. Le Dodo est un catalyseur.

 

Comment avez-vous travaillé ces personnages avec vos acteurs ?

En écrivant le scénario, j’ai beaucoup travaillé chaque personnage séparément. J’ai inventé son passé et son histoire pour ensuite les partager avec les acteurs. Chacun avait une histoire détaillée de son personnage. Pendant les répétitions, ils ont travaillé entre eux, partagé leurs histoires et leurs passés imaginaires, traçant ainsi une route pour arriver jusqu’au présent, au moment où le film se déroule.

« Le dodo est un oiseau queer ! »

Vous abordez également la question du déclin des classes moyennes depuis la crise économique…

Je crois profondément que nous sommes à un tournant, que la terre bouge et que nous ne savons pas trop comment cela va se terminer. Il me semble très important que, pendant toute cette période tumultueuse, nous gardions la tête claire et que nous résistions aux sirènes des fausses promesses. Mais avant tout, gardons notre humanité et notre liberté.

 

Vous traitez de la question des réfugiés. Où en est la Grèce avec cette problématique ?

Cela fait longtemps que je suis très préoccupé par la question car je viens d’une famille de réfugiés. Les politiques gouvernementales grecques de ces dernières années ont été dures et injustes. Il ne faut pas oublier que les Grecs ont été des réfugiés et des migrants, il n'y a pas si longtemps. Il est important de comprendre que nous pouvons tous devenir des réfugiés ou des migrants.

 

Où avez-vous tourné ?

Nous avons tourné à Athènes dans un domaine incroyable avec une histoire semblable à celle du film. Il appartenait à un homme fortuné et excentrique qui était passionné par l’art byzantin. Pendant la crise, pour pouvoir le maintenir, il le louait pour des mariages. Après sa mort, les héritiers n’ont pas pu trouver de moyens pour le rénover. Il est aujourd’hui quasi abandonné.

 

Toutes les sexualités sont représentées dans votre film…

Nous sommes en quelque sorte dans un univers queer ! Les sexualités sont mélangées et cela ne pose de problème à personne. Gay, hétéros, trans, non binaires…  Nous ne connaissons d’ailleurs jamais le sexe du dodo. Pour moi, le dodo est un oiseau queer !