Palme d’or : les années 1970

Robert De Niro dans Taxi Driver de Martin Scorsese © Columbia TriStar

 

En 1972, le Festival affirme son indépendance en devenant le seul décisionnaire de la Sélection officielle quand jusqu’ici, les films pouvant prétendre à la Sélection étaient désignés par leur pays d'origine. Après le Festival de Cannes interrompu de mai 1968, la manifestation se modernise en plébiscitant la liberté de création et l’engagement. La Palme d’or met en lumière le cinéma d’auteur et permet l’émergence de jeunes réalisateurs internationaux tels que Martin Scorsese, Francis Ford Coppola ou les frères Taviani... Retour sur une décennie de Palmes d’or contestataires, à voir et à revoir chez vous.

M*A*S*H de Robert Altman (1970)

M*A*S*H de Robert Altman

M*A*S*H de Robert Altman © 2011 Silver Screen Collection

 

Adapté du roman autobiographique de Richard Hooker, le film suit deux jeunes chirurgiens affectés dans un hôpital militaire lors de la Guerre de Corée. Tenant à mettre en scène des acteurs inconnus du grand public, Robert Altman révèle le talent de Donald Sutherland, Elliot Gould et Robert Duvall. La comédie satirique se dote d’une portée politique inédite grâce à son point de vue antimilitariste et sa résonance avec la Guerre du Viêt Nam.

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The Go-Between (Le Messager) de Joseph Losey (1971)

Julie Christie dans Le Messager de Joseph Losey

Julie Christie dans Le Messager de Joseph Losey © Imdb

 

Après avoir été le scénariste de The Servant (1963) et Accident (1967), Harold Pinter adapte un roman de L.P. Hartley pour Joseph Losey. « Le passé est une terre étrangère… où l'on agit tout autrement » témoigne le narrateur. En 1900, alors adolescent, il est le témoin de la liaison secrète entre une jeune aristocrate (Julie Christie) et un fermier (Alan Bates). Du souvenir de cet été proustien émergent les rapports de classes chers au réalisateur de M (1951) et de Monsieur Klein (1976).

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La classe operaia va in paradiso (La Classe ouvrière va au Paradis) de Elio Petri (1972)

Affiche de La Classe ouvrière va au Paradis de Elio Petri

Affiche de La Classe ouvrière va au Paradis de Elio Petri

 

À travers la révolte d’un ouvrier victime d’un accident du travail, Elio Petri rend visible les laissés-pour-compte de la société. « Il était important de faire un film qui montre comment un ouvrier en arrive à la grève. Le point de départ a été l’idée du travail à la chaîne qui rend les hommes esclaves d’un même métier, pendant des années, sans même qu’ils sachent à quoi ça sert. » expliquera le réalisateur.

Il caso Mattei (L’affaire Mattei) de Francesco Rosi (1972)

Gian Maria Volontè dans L’affaire Mattei de Francesco Rosi

Gian Maria Volontè dans L’affaire Mattei de Francesco Rosi © Imdb

 

L’année 1972 marque l’année du cinéma italien à Cannes. Palme d’or ex aequo, L’affaire Mattei nous plonge dans l’Italie dévastée de l’Après-guerre. Gian Maria Volontè interprète Enrico Mattei, magnat du pétrole et démocrate avéré, assassiné dans des conditions mystérieuses. Tiré d’une histoire vraie, L’affaire Mattei est considéré comme une œuvre maudite. Alors que Francesco Rosi reçoit des menaces tout au long du tournage, le journaliste ayant enquêté sur l’affaire pour les besoins du film disparaît. Malgré sa Palme d’or, le film peine à être diffusé en salles et n’a pas été édité en DVD.

The Hireling (La Méprise) de Alan Bridges (1973)

Robert Shaw et Sarah Miles dans La Méprise de Alan Bridges

Robert Shaw et Sarah Miles dans La Méprise de Alan Bridges

 

Dans l’Angleterre des années 20, lady Franklin (Sarah Miles), jeune aristocrate dépressive depuis la mort de son mari, se lie d'amitié avec Steven Ledbetter (Robert Shaw), son chauffeur. Lorsque celui-ci apprend que sa patronne est amoureuse du président du club de boxe local, il ne peut réprimer sa jalousie. À l’origine du film se trouve un roman victorien de L.P Hartley, auteur déjà adapté avec succès par Joseph Losey pour Le Messager (1971).

Scarecrow (L’Épouvantail) de Jerry Schatzberg (1973)

Al Pacino et Gene Hackman dans L’Epouvantail de Jerry Schatzberg

Al Pacino et Gene Hackman dans L’Epouvantail de Jerry Schatzberg © Warner Bros.

 

Vagabondant sur la route en quête d’une seconde chance, Max et Lion (Al Pacino et Gene Hackman) se lient d’une amitié indéfectible. L’un sort de prison tandis que l’autre poursuit le rêve de retrouver sa famille. Ensemble, ils vont voyager en stop jusqu’à leur destination. « Le rire est une arme redoutable face à toutes les situations délicates » scande le personnage d’Al Pacino, en écho à la drôlerie désespérée du film.

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The Conversation (Conversation secrète) de Francis Ford Coppola (1974)

 

Conversation secrète est un thriller paranoïaque dont la sortie a coïncidé avec le scandale du Watergate. Gene Hackman y incarne un virtuose de l’espionnage par écoute. Tout bascule le jour où il comprend que Mark et Ann, les jeunes gens qu’il espionne pour le compte de l’un de ses clients, courent un danger mortel. Pour la première de ses deux Palmes d’or, Francis Ford Coppola livre une variation du Blow-Up de Michelangelo Antonioni (1966)

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لجمر سنين وقائع ,Waqa'i' sanawat ed-djamr (Chronique des années de braise) de Mohammed Lakhdar-Hamina (1975)

Chronique des années de braise de Mohammed Lakhdar-Hamina

Chronique des années de braise de Mohammed Lakhdar-Hamina © D.R

 

Chronique des années de braise retrace le long processus qu’entreprit le peuple algérien contre la colonisation française, et qui aboutira à la déclaration d’indépendance du pays en 1954. « Avec ce film, j’ai eu envie d’expliquer pour la première fois comment est arrivée la guerre d’Algérie. Cette révolte, qui est devenue la révolution algérienne, est non seulement contre le colonisateur, mais aussi contre la condition de l’Homme. » commentera Mohammed Lakhdar-Hamina. Il reste l’unique film algérien à avoir reçu la Palme d’or à ce jour.

Taxi Driver de Martin Scorsese (1976)

Robert De Niro est Travis Bickle, un vétéran de la guerre du Viêt Nam devenu chauffeur de taxi. Traînant sa solitude tourmentée dans les bas-fonds de New York, il ne tarde pas à s’enfoncer dans une folie destructrice. Paul Schrader a déclaré avoir écrit le scénario autobiographique du film en quelques jours, et a insisté pour que sa réalisation soit confiée au jeune Martin Scorsese.

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Padre Padrone de Paolo et Vittorio Taviani (1977)

Élevé par un père violent, Gavino a grandi dans une ferme isolée. Jeune adulte illettré, il parvient à fuir et s’éduque sur les bancs de l’école, avant d’embrasser la profession de linguiste. Profondément touchés par l’autobiographie de Gavino Ledda, Paolo et Vittorio Taviani décidèrent de raconter son histoire à leur manière. Ce film abrupt né dans l’urgence n’était même pas destiné à être diffusé en salles. Sa consécration au Festival de Cannes lui offrit une visibilité internationale.

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L'albero degli zoccoli (L’Arbre aux sabots) de Ermanno Olmi (1978)

L’Arbre aux sabots est une fresque historique qui dépeint l’Italie du XIXe siècle à travers le destin de quatre familles paysannes. Ermanno Olmi mûrit son histoire pendant vingt ans, à partir des récits de ses ancêtres et de ses propres souvenirs d’enfance. Il engage uniquement des acteurs non professionnels et tourne pendant une année en décors naturels.

Apocalypse Now de Francis Ford Coppola (1979)

Francis Ford Coppola adapte librement la nouvelle de Joseph Conrad Heart of Darkness (Au cœur des ténèbres) parue en 1899. Pendant la guerre du Viêt Nam, le capitaine Willard a pour mission de trouver le colonel Kurtz dans la jungle cambodgienne et de dissoudre le groupuscule dont il a pris la tête. Concernant la genèse du film, Coppola a déclaré : « Apocalypse Now n'est pas un film sur le Viêt Nam, c'est le Viêt Nam. Et la façon dont nous avons réalisé Apocalypse Now ressemble à ce qu'étaient les Américains au Viêt Nam. Nous étions dans la jungle, nous étions trop nombreux, nous avions trop d'argent, trop de matériel et petit à petit, nous sommes devenus fous. »

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Die Blechtrommel (Le Tambour) de Volker Schlöndorff (1979)

Le réalisateur allemand, Volker Schlöndorff s’inspire d’un roman de Günter Grass pour narrer l’étrange histoire d’Oskar dans Le Tambour, Palme d’or ex-aequo de l’année 1979. Né en 1924, Oskar refuse de grandir dans un monde qu’il juge haïssable. Toujours muni de son tambour, il utilise ses cris perçants pour persécuter son entourage. Sa révolte et sa noirceur s’intensifient avec la montée du nazisme.

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