UN CERTAIN REGARD – Lamb, rendez-vous avec Yared Zeleke

Équipe du film © FDC / M. Petit

Première sélection et premier long métrage pour le réalisateur de 36 ans, qui est aussi le premier cinéaste éthiopien sélectionné à Cannes. Il nous conte l’histoire d’Ephraim, garçonnet de 9 ans envoyé par son père rejoindre des parents éloignés dans les montagnes. Une histoire qui prend vie dans son pays.

 

Racontez-nous la genèse de votre film.

En 2010, j’avais déjà une version de 20 pages de mon script, qui s’appelait Lamb. Je comptais en faire une thèse mais mon professeur d’écriture de scénario à l’Université de New York, le réalisateur Todd Solondz (Happiness), m’a encouragé à le convertir en long métrage. Un an plus tard, j’ai rencontré mon actuel producteur, Ama Ampadu, et en juin 2011 je commençai à écrire mon premier scénario qui, exactement un an après, reçut un financement du Fonds d’aide au développement du scénario au Festival du Film d’Amiens. Nous avons commencé le casting à Addis Abeba en 2014. J’ai auditionné environ 6500 personnes de tous les styles et de tous les âges sachant que la priorité était donnée aux sept personnages principaux (trois enfants). Mon assistant principal, Terhas Berhe, et moi-même nous sommes rendus dans une dizaine d’écoles. Nous avons arpenté les rues, lancé un message radio pour trouver les perles rares…

 

Lamb © DR

 

L’atmosphère du tournage ? Une anecdote de plateau ?

En dépit des conditions difficiles, l’atmosphère de tournage fut magique, à l’image du merveilleux décor de montagnes qui nous entourait. La première partie de Lamb fut tournée dans les plaines, la seconde dans les hautes terres glaciales (jusqu’à 3000 mètres d’altitude). La plupart des paysans avec qui nous avons travaillé n’avaient pas l’électricité. Certains enfants n’avaient jamais vu d’européens, ce qui a causé des crises de larmes à répétition. Malgré tous les obstacles (un acteur quasiment encorné, un autre presque culbuté par un cheval…) nous avons réussi à terminer le film à temps, grâce à une équipe formidable. Le dernier jour, j’étais soulagé, je savais que j’avais réalisé mon premier long métrage.

 

Quelques mots sur vos interprètes ?

J’ai eu beaucoup de chance avec les acteurs. Avant de commencer le casting, j’avais fait une liste des caractéristiques de mon personnage principal. Le garçon qui deviendrait Ephraim devait être intelligent, ouvert, confiant, enjoué, à l’écoute, subtil ; avoir été blessé ou traumatisé dans l’enfance sans avoir perdu l’envie d’aimer et d’être aimé ; ne pas avoir peur des caméras ; être capable de supporter les stress physique et psychologique que supposent un long métrage. Radiat Amare remplissait tous ces critères, il était solide, généreux et drôle. Il a supporté le climat glacial, le mal des transports, et a réussi, en moins d’un mois, à apprendre suffisamment d’anglais, de français et d’allemand pour faire des blagues à l’équipe internationale. Il respirait la joie ! De tous les acteurs je savais que Kidist Siyum était la fille que je recherchais pour jouer le rôle de l’adolescente rebelle. Welela Asefa, pourtant plus jeune que la personne recherchée, transmettait l’amour comme le personnage d’Emama. Surafel Teka respirait l’autorité comme Salomon, alors qu’il est un homme doux et assez comique ! Rahel Teshome était aussi beau et complexe qu’Azeb.


 

SÉANCE


Mercredi 20 mai / Salle Debussy / 16h30

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