Rencontre avec Marie-Josée Croze, membre du Jury de la Cinéfondation et des Courts Métrages

Marie Josée Croze - Membre du Jury de la Cinéfondation et des Courts Métrages © Alberto Pizzoli / AFP

Révélée à Cannes en 2003 avec Les Invasions Barbares de Denys Arcand qui lui vaut le Prix d’interprétation féminine, Marie-Josée Croze revient cette année sur la Croisette en tant que membre du Jury de la Cinéfondation et des Courts Métrages, présidé par Naomi Kawase. Retour sur son expérience et ses impressions de juré.

Vous êtes membre du Jury de la Cinéfondation et des Courts Métrages, présidé par Naomi Kawase. Comment avez-vous abordé ce rôle ?

Je ne me suis pas préparée pour ce rôle. Je me suis surtout fiée à mon instinct de spectatrice et je me suis détachée de tout stéréotype lié aux genres de films. Quand je suis face à un film, je cherche à savoir si ce que je regarde capte mon attention. Ensuite, cela relève d’un travail avec les autres membres du Jury. Il faut que chacun puisse exprimer ses goûts et son opinion. Ainsi, l’un arrive à mettre en lumière des choses qui pourraient avoir échappé à d’autres.

Ce n’est pas la première fois que l’on vous confie ce rôle de juré au sein d’un festival. Que tirez-vous de cette expérience à Cannes ? 

J’étais très heureuse de venir car c’était la première fois que je faisais partie d’un jury de courts métrages. C’est une grande responsabilité car nous nous trouvons face aux réalisateurs de demain et nous ne tenons pas à les décourager. C’est agréable de savoir que les prix que nous leur attribuons vont peut-être leur donner l’enthousiasme de continuer. Et puis, ce Jury à Cannes a été très harmonieux. Nous partagions une sensibilité commune pour les films, nous avons souvent été unanimes.

Vous avez remporté le Prix d’interprétation féminine à Cannes pour Les Invasions Barbares en 2003. Vous en gardez quel souvenir ?

Je n’aurais jamais eu la carrière que j’ai maintenant si je n’avais pas obtenu ce Prix. Il y a eu un avant et un après Cannes, je le sais.

Vous tournez aussi bien dans des films francophones qu’anglophones. Comment approchez-vous ces différentes productions ? 

Je ne pense pas que ce soit une question de pays. Je n’ai jamais senti de différences entre les nationalités. Tout dépend du genre de film et du budget. Par exemple, les films d’auteur demandent beaucoup d’implication. Nous sortons de notre zone de confort, il faut être sur le terrain et c’est un travail de découverte constant contrairement aux plus grosses productions pour lesquelles nous sommes parfois amenés à attendre que l’on nous dirige. Mais l’un n’est pas plus facile que l’autre.

Quel genre de projet aimeriez-vous que l’on vous propose ? Quel est le rôle dont vous rêvez ?

J’ai réalisé que les rôles avaient peu d’importance pour moi. Il s’agit avant tout d’une rencontre. C’est merveilleux de pouvoir travailler avec des metteurs en scène qui vous procurent le sentiment d’être respectés et compris. Sur chaque film, j’aspire à rencontrer des gens intelligents, sensibles, avec lesquels je vais m’entendre et être en phase. Le plus important est de trouver un langage commun, quelqu’un qui vous fait confiance et en qui vous pouvez avoir confiance.

Quels films vous touchent particulièrement ?

J’aime beaucoup le cinéma réaliste. Mais aussi des réalisateurs tels que Kubrick, Bergman, Truffaut… Je pense cependant qu’il faut être ouvert à tout. Et cette expérience de juré l’exige davantage. 

Il faut regarder les films avec son cœur.

Vous avez vous-même tourné dans des courts-métrages. En quoi est-ce un bon exercice ?

Le court métrage est un moyen de se lancer dans le cinéma, de jouer des rôles qui nous parlent et d’apprendre. On ne sait jamais à quoi cela va aboutir, c’est une prise de risque et une très belle expérience.

Pourriez-vous réaliser un court métrage ?

C’est tentant. Je le ferai que si je ne peux pas m’en empêcher, si j’ai une idée à laquelle je ne cesse de penser. Peut-être qu’un jour, qui sait, je me lancerai.

Un mot sur cette sélection de la Cinéfondation et des Courts Métrages ?

Nous avons vu des choses très prometteuses. J’ai regardé des films très personnels, forts et touchants. La Sélection comprenait beaucoup de films réalistes et j’ai toujours été en empathie avec les histoires que l’on m’a racontée. Ça m’a donné envie de suivre les metteurs en scène que l’on a découvert lors de cette édition.