La Leçon de Cinéma d’Alfonso Cuarón

Après la Leçon de Cinéma de Clint Eastwood, c’était au tour du réalisateur mexicain, Alfonso Cuarón, couronné de sept Oscars pour Gravity, de livrer ses expériences de cinéaste en compagnie du critique français Michel Ciment pour lui donner la réplique. Amusé, rieur, et à la fois ému, le réalisateur a commenté ses débuts, ses choix de films et sa relation avec l’industrie du cinéma américain. Extraits choisis.

Sur ses débuts de cinéaste

Je viens de la classe moyenne et j’ai grandi à une époque où l’âge d’or du cinéma était terminé au Mexique. Mais le cinéma, c’était mon instinct de survie. J’en avais besoin. Le parcours qui a suivi, je ne le recommanderais à personne.

Sur sa relation avec Guillermo Del Toro

Guillermo Del Toro était l’assistant du film sur lequel je travaillais également. En tant que technicien, on avait déjà une réputation. Del Toro était considéré comme un génie et j’étais jaloux de lui. Puis nous nous sommes rencontrés en sachant très bien qui était l’autre. Et nous avons commencé à travailler ensemble.

Sur son premier film, Sólo con tu pareja

A cette époque, le sida sévissait au Mexique et il y avait beaucoup d’homophobie. J’ai fait cette comédie pour aller à l’encontre des préjugés.

Sur sa relation avec les Etats-Unis

Je n’étais pas destiné à quitter le Mexique. Mais j’étais père de famille, j’avais besoin d’argent. Je ne pouvais plus avoir d’aides financières du pays. Quand on m’a offert un premier job à Hollywood, j’ai saisi l’occasion.

Sur ses premières expériences à Hollywood

Après deux films à Hollywood, j’avais besoin de me retrouver. Hollywood m’avait convaincu que je n’étais pas un réalisateur que l’on voulait engager et je l’ai cru. J’étais déçu par ce que je faisais. Alors, j’ai regardé les films qui m’avaient inspiré dès le début. En faisant Y tu mamá también, je me suis redécouvert en même temps que mon propre pays.

Sur le film Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban

Je ne connaissais rien de ce personnage. J’ai regardé le premier film et ça ne m’a pas impressionné. Je suis allé voir Guillermo Del Toro et c’est lui qui m’a conseillé d’accepter cette proposition. Il ne pouvait pas croire que j’hésitais à faire ce film.

Sur le film Gravity  

J’avais enfin acquis la sagesse et la sécurité pour pouvoir diriger ce film selon mes conditions. C’était un long métrage que j’avais vraiment envie de faire, pour une fois.