La migration, du réalisme au fantastique

La migration, du réalisme au fantastique © FDC

De la route des Balkans jusqu’au Mexique, en passant par l’Europe de l’Est, le thème de la migration a traversé la Sélection officielle de cette 70e édition. Compétition, Un Certain Regard, Cannes Classics et Hors Compétition, des catégories qui ont toutes été imprégnées par la notion d’expatriation. 

Six films, dont deux en Compétition, se sont emparés du sort des réfugiés. Documentaire, science-fiction ou comédie noire, tous les genres ont servi à aborder la crise des migrants qui secoue le monde actuellement.

Sea Sorrow, la réalité des réfugiés

Projeté au lendemain de l’ouverture en Séance Spéciale, le documentaire de Vanessa Redgrave a introduit la thématique de l’exil en revenant sur l’histoire des réfugiés à travers l’Europe des 20e et 21e siècles. Sea Sorrow est un mélange de documentaire et de théâtre, porté par les voix croisées de militants et de comédiens, et soulève les questions de sécurité et de protection liées aux droits de l’homme. 

Jupiter’s Moon, la destinée fantastique d’un réfugié

Pour son 5e long métrage, Kornél Mundruczó s’est intéressé à la situation des réfugiés en Hongrie. Il l’aborde à travers un homme syrien, blessé par balle alors qu’il tente de passer la frontière serbo-hongroise illégalement. Suite à cet évènement, il se découvre doué du pouvoir de léviter. Un moyen pour le personnage de s’extraire de sa situation oppressante pour trouver la paix.

Happy End, les réfugiés face à l’indifférence de l’Occident

Happy End oppose deux réalités. Celle de la bourgeoisie et celle de la jungle de Calais. A sa manière clinique, Michael Haneke met en scène les réfugiés qui errent dans les rues face à une famille déconnectée, repliée sur elle-même, et dénonce ainsi l’aveuglement de l’humanité.

Out et Ila Ayn ? (Vers l’Inconnu ?), points de vue des réalisateurs expatriés

Au Certain Regard et à Cannes Classics, le Slovaque György Kristóf et le Libanais Georges Nasser font de la migration, un voyage initiatique, une quête personnelle.

Pour son premier long métrage, Out, György Kristóf s’est inspiré de son vécu d’expatrié pour narrer le périple d’un quinquagénaire qui quitte son foyer en vue de réaliser son rêve et de trouver un emploi dans un pays qui n’est pas « le sien ». En dressant le portrait d’un migrant confronté à une autre culture et un nouveau code du travail, le film fait écho à la politique anti-réfugié menée par les Premiers ministres hongrois et slovaques.

60 ans avant lui, Georges Nasser traitait déjà de l’émigration et de l’exil, des Libanais cette fois, partis chercher des conditions de vie plus favorables à l’étranger. Dans Ila Ayn ? (Vers l’Inconnu ?), le Brésil est le pays convoité, mais a-t-il tenu ses promesses ?

Carne y Arena, une expérience immersive

L’électrochoc le plus violent de cette édition reste cependant celui donné par le réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu, en raison du format de l’expérience qu’il propose en Réalité Virtuelle. Pieds dans le sable, casque sur la tête, il ne suffit que de six minutes 30, pour s’immerger dans l’enfer que vivent les migrants coincés aux portes des Etats-Unis. Le dispositif, proche du documentaire, expose le combat quotidien des clandestins qui rêvent d’une vie, sinon meilleure, au moins supportable.