Les contours biographiques de la Sélection

Images des films : Dolor y Gloria - Rocketman - Les Silences de Johnny © DR

Chaque année, la Sélection officielle, en donnant un aperçu de la production cinématographique à travers le monde, révèle des tendances thématiques ou esthétiques qui lui donnent sa couleur de l’année. Courants dans l’ère du temps ? Coïncidences ? Le rapprochement des œuvres au-delà des frontières de leurs pays d’origine permet de varier l’éclairage sur les unes et sur les autres. Une thématique qui traverse les sélections cette année, par exemple, celle des œuvres inspirées de personnages réels. Du biopic au documentaire en passant par les films enracinés dans la vie de leur auteur, petit précis des films de la 72e édition qui jouent avec l’(auto)biographie.

Les biopics

Rocketman de Dexter Fletcher
Spécialisé dans les biopics (Freddy Mercury dans Bohemian Rhapsody (2018) l’athlète Michael Edwards dans Eddie the Eagle (2016), Dexter Fletcher choisit de célébrer la carrière d'Elton John dans Rocketman, de son enfance à son ascension au rang de star mondiale. Un projet auquel Elton John a participé activement. 
 

Jeanne de Bruno Dumont 
Jeannette évoquait l’enfance de Jeanne d’Arc en 2017. Deux ans plus tard, Bruno Dumont se penche, avec le film Jeanne, sur le personnage historique de Jeanne d’Arc, libératrice d’Orléans.

A Hidden Life de Terrence Malick
Avec A Hidden Life, l’auteur de The Tree of Life (2011) compte l’histoire vraie du héros inconnu Franz Jägerstätter (August Diehl), paysan autrichien qui, en s’opposant ouvertement au nazisme, mit en péril sa vie ainsi que celle de sa famille. 

Il Traditore de Marco Bellochio
En dressant le portrait du premier grand repenti de la mafia que fut Tommaso Buscetta, Marco Bellochio revient également, avec Il Traditore, sur la vie d’un personnage des temps modernes. 

Les films qui puisent leur inspiration dans la vie de leur auteur

Dolor y Gloria de Pedro Almodóvar
Dolor y Gloria est un “film d’hommes” porté par Antonio Banderas. En construisant ce personnage d’anti-héros accablé, metteur en scène reclus et mélancolique, Pedro Almodóvar frôle l’autobiographie. Il filme son appartement, prête ses vêtements au personnage de Salvador, et revendique l’idée d’une autofiction.  
 

 

Tommaso d’Abel Ferrara
Tommaso suit le quotidien d’un artiste américain installé à Rome, dont la femme et la fille sont celles d’Abel Ferrara dans la vie. Incarné par Willem Dafoe, le personnage planche sur le même projet que le réalisateur, Siberia. Pour lui,  le film « vacille entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas » et peu importe si les origines d’une histoire sont vraies ou fausses. Le cinéaste américain vit à Rome depuis plusieurs années et Tommaso a été tourné dans son appartement.
 

Les documentaires d’une vie

Diego Maradona d’Asif Kapadia

Asif Kapadia s’intéresse ici à la vie du « Pibe de oro » dans sa période napolitaine, la plus intense de sa carrière. Neuf ans après Senna, le mythe du football sud-américain est honoré dans ce documentaire présenté Hors Compétition. Maradona s’est impliqué dans le projet.

Forman Vs Forman d’Helena Trestikova & Jakub Hejna
En hommage au réalisateur d’Amadeus (1984), le documentaire plonge dans la carrière de Miloš Forman, de la Nouvelle Vague tchèque à Hollywood, à travers des archives inédites et des morceaux de vie contés par le fils du cinéaste, Petr Forman.

Cinecitta – I mestieri del Cinema Bernardo Bertolucci : No End Travelling de Mario Sesti
Mario Sesti, journaliste et ami de Bernardo Bertolucci, témoigne du travail du maître avec sensibilité, montrant plusieurs extraits d’interviews du réalisateur de Beauté Volée (1996). Une vision rare de l’auteur du Dernier Tango à Paris (1972).

Les Silences de Johnny de Pierre-William Glenn
Johnny Hallyday était bien sûr chanteur, mais aussi acteur. C’est à cette facette de la carrière de la légende disparue en 2017 que s’est intéressé Pierre-William Glenn dans Les Silences de Johnny