Women Do Cry, le regard de Mina Mileva et Vesela Kazakova

Photo du film Women do cry © DR

 

Avec Women Do Cry, inspiré d’une histoire vraie, les réalisatrices bulgares Mina Mileva et Vesela Kazakova exposent le quotidien de femmes confrontées à leurs fragilités et l’absurdité de la vie : un verdict médical qui bouleverse leur futur, un traumatisme d’enfance ou encore des rencontres insatisfaisantes. Un film qui prône la solidarité féminine et l’expression de soi, au moment où de violentes manifestations et débats sur le genre déchirent la Bulgarie.

Racontez-nous la genèse de votre film.

A l’origine, nous venons du monde documentaire. Suite à nos documentaires, nous avons subi des menaces de mort, du harcèlement, des articles incendiaires et des interrogatoires mensuels avec le procureur en Bulgarie. Mais ce qui nous inspire, c’est de réhabiliter la justice. La violence conjugale est omniprésente dans le monde et trop normalisée. Dans ce film, nous souhaitions approfondir la notion de violence et l’utiliser comme toile de fond, sans la dramatiser.

 

Quelle a été l’ambiance sur le tournage ?

Notre situation était assez particulière car nous souhaitions retranscrire à l’écran l’histoire d’une famille, dont les membres étaient déjà tous acteurs. Nous voulions que le film soit empreint de psychodrame. Ainsi, nous avons travaillé directement avec les acteurs en leur donnant l’opportunité de définir leur propre voix dans ce processus. Au théâtre, cela peut prendre des semaines. Mais pour ce film, nous leur avons donné le texte le soir pour qu’ils la jouent le lendemain. Cette méthode permet d'établir une confiance plus profonde entre le metteur en scène et l'équipe, surtout lorsqu'il s'agit d'incorporer des événements réels ou leurs souvenirs familiaux. Maria Bakalova était la seule de la famille qui n’était pas une actrice confirmée. Et pourtant, elle est devenue l’une des révélations d’Hollywood. C’est effrayant de penser que sur les 100 filles qui ont passé le casting, nous aurions pu choisir quelqu’un d’autre et finalement, elle a été la bonne.

 

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vos acteurs ?

Maria a fait preuve d’une grande maturité et d’une capacité à aller dans les extrêmes, ce qui était crucial pour interpréter son personnage. Sa vivacité d’esprit dans les situations critiques a été primordiale pour nous. Ralitsa a un esprit vif et réfléchi. Sa fougue et sa chaleur humaine nous ont fait penser à Penélope Cruz, y compris physiquement. Bilyana est si raffinée, ses expressions du visage sont en totale harmonie avec le monde extérieur. Quant à Katia, elle est l’une des grandes surprises de ce film car elle n’avait jamais joué au cinéma. Son côté enfantin est très contagieux, et elle a su incarner son personnage à la perfection grâce à son expérience dans le théâtre.

 

Qu’avez-vous appris au cours de la réalisation de votre film ?

Nous avons appris que nous pouvions toujours nous améliorer. Ce projet a été modifié de fond en comble car, au départ, l’histoire que nous envisagions de tourner était trop fictive et s’éloignait de ce qui nous avait initialement inspiré. Nous avons donc décidé de le changer en explorant plus profondément nos blessures, nos émotions et nos motivations. Lorsque nous nous sommes aventurées sur ce terrain-là, tout s’est mis en place comme par magie.