En Conversation avec Tom Cruise

En conversation avec Tom Cruise

À Cannes pour la première fois depuis 30 ans, et la projection d’Horizons Lointains, Tom Cruise a enchanté le Festival de sa présence. Au programme : l’avant-première de son dernier film Top Gun : Maverick, la remise d’une Palme d’or d’honneur en hommage à sa carrière, et une Conversation avec le public animée par le journaliste Didier Allouch. Morceaux choisis. 

Le cinéma dès l’enfance

J’étais enfant, j’avais 4 ans, je voulais faire des films, je voulais de l’aventure dans ma vie, grimper aux arbres, j’écrivais constamment des histoires. Plus tard, je vendais des cartes postales de porte à porte et, avec cet argent, j’allais au cinéma.

« Je ne veux jamais prendre les choses pour acquises. Nous avons tous un rêve, et c’est ça mon rêve. »

Débuts et sources d’inspiration

À 18 ans, tout à coup, je décroche un petit rôle, après ma seconde audition. Dès lors, je décide d’étudier absolument tous les secteurs de l’industrie du cinéma et de m’autoéduquer. J’ai toujours été intéressé par les gens, je voulais découvrir les cultures. Je me suis accroché à mon rêve en me disant: « c’est possible »
J’avais ce petit rôle dans Taps (1981) et le réalisateur Harold Becker m’invitait à observer les choses, à comprendre la lumière, il m’emmenait visionner les prises, et me disait : « Tu ne vas pas aimer ton image, mais essaie d’imaginer ce que peut ressentir le public ». Et j’observais, notais à quel point la lumière pouvait tout changer. J’ai été entouré de personnes généreuses, qui m’ont permis d’apprendre, inlassablement.
J’aime un large spectre de films. J’ai grandi avec Buster Keaton, Charlie Chaplin, Harold Lloyd.

Méthode de travail

J’essaie de faire appel à toute l’expérience que j’ai, chaque département d’un film est important et il faut savoir créer un certain environnement pour sentir une histoire. Cela ne suffit pas de l’écrire. 

J’aime l’idée de l’équipe, de créer les choses ensemble, une formidable histoire. Je dis toujours aux autres membres de l’équipe : ça n’est pas mon film, c’est NOTRE film.

Chacun a son idée de l’interprétation. La meilleure chose que vous puissiez faire, c’est d’apprendre tous les détails de la fabrication d’un film pour comprendre. Et j’ai de la chance, j’ai travaillé avec d’incroyables réalisateurs et techniciens.

Voir les films au cinéma 
L’écriture d’un film est très différente selon qu’il est écrit pour le cinéma ou pour la télévision. Je vais toujours au cinéma dès la sortie d’un film, je mets ma casquette et j’y vais. Je teste l’ambiance. Mes films ne seront jamais sur les plateformes. 

Le jeu d’acteur

Je connais les prises par cœur, je me souviens de tout. 
Pour les scènes d’Eyes Wide Shut (1999), Stanley Kubrick nous invitait à parler de la lumière, nous regardions le cadre, parlions des objectifs. C’est comme si nous devions découvrir quelque chose. Tu découvres et soudain, tu sais quand c’est bon. 

La préparation c’est tout, même si tu jettes tout. Et je ne veux pas que les gens voient tout le travail qu’il y a derrière.

Cascadeur

Personne ne demande à Gene Kelly : pourquoi tu danses ? Pour Mission Impossible, le premier film que j’ai produit, je me suis posé la question : comment puis-je divertir le public. J’ai développé des talents avec le temps, au fil des tournages,  j’ai pris des leçons de danse, de chant, j’ai appris à piloter un hélicoptère… pour créer une expérience unique pour le public. 

Et, oui, j’ai peur quand je fais mes cascades mais je pense tout le temps à l’histoire, au public, comment cela peut l’impressionner. Comment crée-t-on cet effet sur son public ? C’est un voyage. J’ai toujours fait mes films pour lui, je rentre chez moi et je me demande ce que je peux lui donner. Je ne veux pas le décevoir. 

Et mieux vaut se lancer même si on se plante, plutôt que de ne pas essayer. Je dédie ma vie au cinéma parce que je me sens incroyablement privilégié de faire ce que je fais.