Rendez-vous avec Javier Bardem

Rendez-vous avec Javier Bardem

Lauréat du Prix d’interprétation pour son rôle dans Biutiful d’Alejandro Iñárritu en 2010, l’acteur Javier Bardem a enchanté  le public en Masterclass. « Appelez-moi Master ! » a t-il blagué au cours de cette énergique rencontre durant laquelle il a évoqué avec passion son exceptionnel parcours d’acteur. Morceaux choisis.

Débuts   
Quand j’ai débuté, préparer un film, c’était sacré. A l’époque, les films restaient à l’affiche tellement plus longtemps. Et maintenant tout est tellement rapide. C’est un espace temps différent. Quand je regarde aujourd’hui ces films des années 1990, je me dis qu’il y avait une réelle prise de risque. Pour mon premier film, j’accompagnais ma sœur à un casting, ils m’ont demandé de retirer mon t-shirt et ils m’ont filé un rôle. J’ai commencé avec ce statut de bout de viande et petit à petit je suis devenu acteur.
 

Famille artistique
Je voyais ma mère faire du théâtre, mon oncle faire des films. Cela insuffle le respect de l’équipe. Je connaissais ce monde mais, en même temps, je me disais : « Si tu veux faire quelque chose là-dedans, tu dois le mériter. »
 

Investir un rôle
J’essaie de comprendre le caractère, la psychologie du personnage.  J’aime aussi dessiner dans la vie, et je peins toujours des visages, l’expression des corps. Je suis accro au fait d’observer les gens, le problème c’est que je suis connu et j’adore le faire dans la rue. J’essaie aussi toujours de penser à ce que mon personnage transmet comme message. Par exemple, je sais à quel point le rôle de Ramón Sampredo, dans Mar adentro d’Alejandro Amenabar en 2004, a pu influencer le vote de la loi sur l’euthanasie en Espagne. C’est extraordinaire. 
 

En duo avec Penélope Cruz
J’ai dormi sur le sofa un jour tellement elle n'en pouvait plus de supporter ma moustache de Pablo Escobar dans Loving Pablo (2018) !
Pour Everybody Knows de Asghar Fahradi, tout se déroule en quelques jours dans le film mais en réalité, c'était plusieurs mois de tournage très intenses émotionnellement. Parfois, j’en oubliais qu’elle était mon ex-femme dans le film, et je me comportais comme son mari qui se sentait mal pour elle.

« Nous devrions tous considérer la part féminine que nous avons en nous, notre sensibilité, notre faiblesse. Je voudrais que mes enfants comprennent cela. »

Blockbuster ou film indépendant
C’est le même stress quand ils disent « Action ! » ou « Coupez ! » Mais pour les blockbusters, vous attendez peut-être pendant 10h, et tout à coup, on vous dit : « Allez c’est à vous ! » Le challenge est de rester concentré. Sur le tournage de Pirates des Caraïbes, je voyais les pirates, les accessoires partout, et je me disais aussi : « Pas mal comme bureau ».
 

Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen (2008)
Dans l’équipe de techniciens, tout le monde était jaloux de moi, imaginez, l’homme que désirent Scarlett Johansson, Rebecca Hall et Penélope Cruz. J’ai parlé à Penélope seulement à la toute fin du tournage, un peu comme quand tu aimes bien quelqu’un dans la classe et que tu n'oses rien dire. Je me souviens d’avoir embrassé Penélope dans le film et ce baiser a duré si longtemps que les techniciens avaient disparu à la fin. Woody Allen nous a offert les rushes de ce baiser comme cadeau ce mariage.