If Only I Could Hibernate, le regard de Zoljargal Purevdash

IF ONLY I COULD HIBERNATE

Ulzii, un adolescent d’un quartier défavorisé d’Oulan-Bator, en Mongolie, est déterminé à gagner une compétition de sciences-physiques pour obtenir une bourse d’étude. Avec If Only I Could Hibernate, son premier long métrage, la réalisatrice Zoljargal Purevdash évoque l’impact de l’origine sociale dans son pays natal et fait entrer la Mongolie pour la première fois en Sélection officielle.

Qu’est-ce qui vous a incité à commencer à travailler sur ce film ?
Oulan-Bator est la capitale la plus polluée au monde, car plus de 60 % des habitants vivent dans le quartier des yourtes, où il n’y a pas de système de chauffage ni d’infrastructure et où l’on brûle du charbon pour survivre aux -35 °C de l’hiver brutal. En 2016, il y a eu la première grande manifestation contre la pollution de l’air avec le slogan « Détruire la pollution atmosphérique ». Les médias sociaux ont été remplis de messages et de commentaires haineux envers les citoyens du district de yourtes. J’ai grandi dans ce district et j’y vis toujours. Je sais que personne ne brûle du charbon pour empoisonner l’autre côté de la ville. Ce que nous respirons n’est pas de la fumée, c’est de la pauvreté. Je suis surprise que beaucoup de gens dans notre ville ne le comprennent pas et souhaitent simplement que nous disparaissions au lieu de revendiquer des solutions telles que des panneaux solaires ou une nouvelle usine de production d’énergie. Nous vivons dans la même ville, la pollution est le problème de tous, mais nous ne nous comprenons pas. Alors comment résoudre nos problèmes ensemble ? C’est pour cette raison que j’ai voulu faire un film sur un adolescent qui vit dans le quartier des yourtes et qui rêve d’un avenir radieux, mais qui est fortement affecté par la dynamique de ses relations avec sa famille et par sa situation sociale. Avec mon film, je voulais que mes concitoyens comprennent, ressentent et embrassent les luttes et les joies des uns et des autres.

Décrivez votre méthode de travail et l’atmosphère qui règnait sur le plateau…
Je viens de réaliser mon premier long métrage. Je ne pense pas avoir déjà stabilisé ma méthode de travail. J’ai l’habitude de produire moi-même et j’aimerais avoir un coproducteur qui me donnerait la possibilité de me concentrer uniquement sur la réalisation pendant le tournage. C’est un véritable défi, mais en même temps, c’est un processus assez libre. Sur le plateau, j’aime créer une atmosphère qui permette à chacun d’être ouvert et créatif pour exprimer ses idées. J’aime entendre toutes les idées créatives et folles. Si l’idée est suffisamment convaincante, je l’accepte et je l’essaie sans hésiter. Je pense que la réalisation d’un film est un travail d’équipe.

Quelques mots sur vos acteurs ?
Ce sont les enfants les plus sérieux, les plus travailleurs, les plus purs et les plus gentils qu’on puisse imaginer. Le premier jour des répétitions, je leur ai parlé de l’objectif de mon film en toute honnêteté. Ils m’ont ensuite fait part de leurs sentiments et de leurs expériences, également en toute honnêteté. Tout concordait. Ensuite, ils sont devenus très sérieux et rien ne peut arrêter les enfants lorsqu’ils sont sérieux et honnêtes. Ils étaient très impliqués dans leurs personnages.

 

Chaque fois que je vois des enfants qui vivent dans la précarité, je rêve que je leur apporte des sentiments agréables grâce à mon film diffusé sur leur télévision.

 

Qu’aimeriez-vous que les gens retiennent de votre film ?
Ce qui est retenu d’un film dépend de la personne qui le regarde. If Only I Could Hibernate comporte plusieurs niveaux. Ce n’est pas seulement une histoire qui se passe en Mongolie, c’est une histoire qui pourrait se passer partout dans le monde. Je trouve vraiment magnifique que le public puisse découvrir chaque couche et en discuter ouvertement et librement.

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir cinéaste ?
J’étais une enfant qui aimait regarder des films. Cela me rend heureuse, me fait du bien et me donne parfois beaucoup d’espoir dans les moments difficiles. Ma mère tenait un petit magasin dans le quartier des yourtes et de nombreux clients y venaient. Chaque fois que je vois des enfants qui vivent dans la précarité, je rêve que je leur apporte des sentiments agréables grâce à mon film diffusé sur leur télévision. J’ai ressenti le pouvoir du cinéma et j’ai été étonnée de voir à quel point il pouvait changer les gens. Adolescente, j’ai donc commencé à travailler pour réaliser mon rêve et j’ai eu la chance d’obtenir une bourse pour étudier la réalisation au Japon.