Rendez-vous avec… Michael Douglas

Légende vivante du cinéma, Michael Douglas a reçu une Palme d’honneur pour l’ensemble de sa carrière lors de la Cérémonie d’ouverture du Festival. Homme d’affaire sans pitié dans Wall Street ou enquêteur dépassé dans le sulfureux Basic Instinct, l’acteur et producteur américain, au contact des festivaliers, est revenu sur sa carrière avec sagesse et humour.

La recette de son succès.

C’est une combinaison de passion et d’organisation. Peu importe son domaine, il faut s’assurer d’avoir des bases solides. Beaucoup de personnes ont des bonnes idées qui ne débouchent sur rien car il n’y a pas assez de travail en amont. Quand une chose est bien faite, elle touche les autres. En tant qu’acteur et producteur, je fais également confiance à mon instinct, qui ne m’a jamais fait défaut. Les premières impressions sont souvent les bonnes.

Les comparaisons avec son père, Kirk Douglas.

Au début de sa carrière, mon père incarnait des personnages virils, héroïques. Contrairement à lui, j’ai débuté avec des rôles d’hommes sensibles, puis je suis progressivement passé dans des registres plus sombres. Quand j’ai été obtenu l’Oscar du meilleur acteur pour Wall Street, cela m’a permis de sortir de l’ombre de mon père.

Son rôle de producteur dans Vol au-dessus d’un nid de coucou, de Miloš Forman.

Pour adapter le roman de Ken Kesey, nous voulions absolument tourner dans l’hôpital psychiatrique de Salem, en Oregon. Le responsable de l’établissement a adoré le projet : les acteurs ont pu se mêler aux patients internés. Jack Nicholson est arrivé sur place quelques semaines après l’équipe de tournage, qui s’était parfaitement assimilée au microcosme de l’hôpital. Un midi, il me demande : « Mais qui sont ces fous ? Ils ne s’arrêtent même pas pour déjeuner ! » C’est là que j’ai compris que nous étions sur la bonne voie.

Son travail d’acteur sur Wall Street, d’Oliver Stone.

Tous les acteurs qui ont travaillé avec Oliver Stone ont probablement été au meilleur de leur performance dans un de ses films. Dès le début du tournage de Wall Street, le réalisateur me dit qu’il n’aime pas mes scènes. Il voulait que ma colère ressorte : j’ai alors adopté un tout autre ton devant la caméra, en développant le côté « homme d’affaire » de Gordon Gekko. Ses conseils m’ont beaucoup aidé.

 

« Le plus difficile pour un acteur est d’avoir confiance en soi devant la caméra. »

 

L’immense succès de Basic Instinct, de Paul Verhoeven.

J’ai toujours été attiré par les rôles ambigus, auxquels on peut s’identifier. Dans Basic Instinct, mon personnage est pris dans une telle spirale à cause d’un adultère que chaque spectateur se demande ce qu’il aurait fait dans cette situation impossible. En France, le film a beaucoup plu. J’aime penser que chaque française a emmené son mari en salle en guise d’avertissement !

Son attachement à la famille.

La famille est toujours importante. Elle peut parfois vous rendre fou mais elle vous pousse à faire des choses formidables. J’ai beaucoup de complicité avec ma femme et mes enfants. Je ne suis rien sans eux. Le tournage d’Une si belle famille, de Fred Schepisi, était l’occasion de tous se réunir. Mon fils, Cameron Douglas, était bluffant dans le film. Je me souviens avoir regardé mon père, et nous nous sommes dit : « Quelle concurrence au sein de la famille ! »