À la rencontre des lauréats du 78e Festival de Cannes

UN SIMPLE ACCIDENT de Jafar Panahi - Palme d'or - Conférence de presse des lauréats © Victor Boyko/Getty Images

Les lauréats de cette 78e édition se sont présentés face aux journalistes après la Cérémonie du Palmarès pour s’exprimer et répondre à leurs questions. Voici les morceaux choisis de leurs échanges.

Jafar Panahi, Palme d’or pour Un simple accident
Pour un cinéaste, chaque prix est un bonheur. Derrière ce prix, il y a beaucoup de travail. J’ai eu, à un moment, beaucoup d’images qui circulaient dans ma tête. J’ai pensé aux visages de tous mes amis qui étaient en prison avec moi. À l’époque, on était en prison, mais le peuple iranien était dans la rue et se battait pour la liberté. À cet instant, je me suis dit que j’étais content pour lui.

 

Joachim Trier, Grand Prix pour Valeur Sentimentale
J’ai grandi avec une caméra à la main. Je suis la troisième génération de cinéastes après mon grand-père et mon père. Il ne faut pas perdre la part d’enfance qu’il y a en nous. J’essaie de trouver une approche cinématographique à hauteur d’enfant.

 

Mascha Schilinski, Prix du Jury ex-æquo pour Sound of Falling
Avec l’équipe, il a fallu travailler avec précision mais nous n’avons pas renoncé au message principal. Il fallait restituer ces époques et ça a marché grâce aux villageois qui nous ont accueillis et aux acteurs.

 

Oliver Laxe, Prix du Jury ex-æquo pour Sirât
J’aime beaucoup le mot “radical”, qui en latin veut dire “racine”. C’était l’objectif. Comment faire pour que les spectateurs rentrent dans le film ? Comment faire pour que le film les secoue au plus profond d’eux-mêmes ? Je crois que le cinéma est un des derniers lieux où l’on peut encore assister à des cérémonies, des rites de passage.

 

Jean-Pierre et Luc Dardenne, Prix du scénario pour Jeunes Mères
Luc : Les maisons maternelles sont de vrais services publics et aujourd’hui il faut les défendre.
Jean-Pierre : Dans ce monde de violence, peut-être que c’est bien de se concentrer sur celles qui s’occupent quotidiennement de cela.

Kleber Mendonça Filho, Prix de la Mise en scène pour O Agente Secreto
L’accueil que j’ai reçu n’est pas quelque chose que vous pouvez créer artificiellement. Plus de soixante personnes de l’équipe sont là. Cela a été une semaine incroyable et je me réjouis que le film soit vu au Brésil. Je suis tellement content pour Wagner et je suis triste qu’il ne soit pas là. Le Brésil est un pays divisé et j’espère que ce film parlera à tout le monde.

 

Bi Gan, Prix Spécial du Jury pour Resurrection
Je pense que le cinéma n’est qu’un des fils que je tire dans mon film. Mais avec tous les bouleversements du monde actuel, c’est important qu’un film qui traite du cinéma obtienne un prix.

 

Nadia Melliti, Prix d’interprétation féminine, La Petite Dernière
La recherche d’identité est propre à chacun, on la vit tous dans nos vies respectives. Très jeune, j’ai vécu une quête d’émancipation, j’étais passionnée de football. Or, c’est un sport assez masculin et surreprésenté par les hommes. Très rapidement, j’ai senti que je menais ce combat, ce qui a fait que je me suis énormément identifiée au personnage et j’ai senti que l’histoire de Fatima m’était très familière.

 

Wagner Moura, Prix d’interprétation masculine, O Agente Secreto (par téléphone)
J’aimerais tant être parmi vous. Je suis là, tout seul à Londres, avec mon verre de vin. Mais je suis vraiment comblé. Je n’aurais jamais imaginé recevoir cette récompense. Cela récompense le travail que j’effectue depuis plusieurs années. Je suis fier car ce film parle de la culture brésilienne.

 

Tawfeek Barhom, Palme d’or du Court Métrage pour I’m Glad You’re Dead Now
Ce prix est dédié à la paix en Palestine, arrêtons de propager la haine. Nous sommes des êtres humains avant d’être des victimes. Il y a des Palestiniens incroyables, bienveillants, gentils. Malheureusement, la propagande prend une ampleur qui me fait halluciner. Je veux donner un autre point de vue sur le peuple palestinien.

 

Adnan Al Rajeev, Mention Spéciale du Jury des Courts Métrages pour Ali
Ce film est dédié à ceux qui sont opprimés et réduits au silence. On y parle de hausser la voix, parler haut et fort, ce qui est essentiel pour tout le monde. Je dédie Ali à tous ceux qui sont réduits au silence. C’est un appel que nous lançons pour élever la voix.

 

Akinola Davies Jr, Mention Spéciale du Jury de la Caméra d’or pour My Father’s Shadow
Les enfants ont un certain niveau d’innocence qui leur permet de voir le monde de façon plus objective. Ils n’ont pas de préjugés politiques. Le film est lui-même basé sur mes propres souvenirs d’enfant.

 

Hasan Hadi, Caméra d’or pour The President’s Cake
Nous sommes une industrie émergente en Irak. Mais beaucoup d’artistes sont en train de percer. Je suis très optimiste sur l’avenir du cinéma irakien.