SZERELEM

Budapest, 1953.
La très vieille femme, dans sa chambre encombrée de meubles désuets de la fin du siècle, avec son bonnet noir sur le blanc de l’oreiller et les ombres de son visage, évoque un portrait de Rembrandt.
Elle ne se lève plus que rarement pour une brève promenade, elle picore des bribes de son toast à la manière d’un oiseau, et quelquefois, en secret et bourrelée de remords, elle avale gloutonnement une bouchée du déjeuner de la gouvernante. Mais elle veut vivre : l’attente lui en donne les forces. C’est son fils qu’elle attend.
Les visites de sa bru, belle jeune femme aux cheveux roux, sont les grands événements de sa vie. Elle vient chaque jour, lui apportant des fleurs fraîches et ses petits gâteaux préférés. Et c’est elle aussi qui couvre les frais du modeste ménage… Á s