Corsage, le regard de Marie Kreutzer

Photo du film CORSAGE de Marie KREUTZER © Felix Vratny

Dans Corsage, la cinéaste autrichienne Marie Kreutzer filme une Élisabeth d’Autriche avide de savoir et de vie face aux conventions qui l’étouffent. Un film porté par Vicky Krieps, qui incarne avec maestria la jeune impératrice, forcée de se plier à un régime rigoureux de jeûne, d’exercices, de coiffure et de mesure quotidienne de sa taille.

Qu'est-ce qui vous a poussée à vous lancer dans la réalisation de ce film ?

C'est Vicky Krieps elle-même qui m'a demandé de faire avec elle un film sur l'impératrice Elisabeth. J'ai ri mais l'idée a poussé comme une graine en moi. J'ai donc décidé de plonger dans les biographies et de chercher cette étincelle en moi.

 

Comment travaillez-vous sur un plateau ?

Je pense que les réalisatrices sont vraiment douées pour détendre l’atmosphère sur les plateaux et faire en sorte que tout le monde se sente apprécié. Le travail sur l’émotion est toujours fait par les femmes dans les familles, dans les amitiés et au travail. Je choisis toujours judicieusement mon équipe afin d'avoir une confiance totale dans sa compétence et je ne travaille qu'avec des personnes que j'aime vraiment, derrière et devant la caméra. Faire du cinéma est tellement épuisant qu'il vaut mieux être entouré de bonnes âmes ! Quand je travaille, tout est très intuitif et j’aime ne plus avoir à penser au plateau. J'essaie juste d'être vraiment présente et de sentir si les scènes fonctionnent, si le jeu des acteurs sonne vrai ou si le cadrage est bon.

 

Un mot sur vos acteurs ?

Je ne peux toujours pas expliquer ce qui fait que la manière de jouer d’un acteur ou une actrice le rend si spécial à mes yeux, au point de regarder chacun de leurs mouvements lors du tournage, pendant le montage et toute la postproduction. J’ai un amour particulier pour eux. Vicky est absolument imprévisible, et je n’ai pas envie de tenter de l'apprivoiser. Je ne sais jamais ce qu'elle va me proposer et où elle va chercher tout ça ! Je pense que nous avons une façon similaire de trouver l'inspiration et de laisser infuser notre travail sans trop y penser. Les acteurs que je choisis semblent tous faire entièrement confiance à mon regard et à celui de ma caméra. Je pense que vous ne pouvez pas être un grand acteur ou une grande actrice si vous ne pouvez pas faire confiance et être à 100% dans l'instant.

 

Qu'avez-vous appris au cours de la réalisation de ce film ?

J'ai appris qu'on ne peut pas être aimé tout le temps et qu'il faut faire confiance à sa vision des choses. J'ai appris qu'un réalisateur qui pleure peut encore tourner une belle scène, c'est l'une des scènes clés du film, et Vicky et moi pleurions parce que tout avait été très difficile ce jour-là.

 

Qu'est-ce qui vous a poussée à devenir cinéaste ?

J'étais une enfant créative, qui dessinait tout le temps et écrivait des histoires avant même d'avoir six ans. Je me souviens avoir dessiné et prononcé les dialogues des personnes que je dessinais.

 

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?

J’en ai deux en cours et ils qui sont complètement différents. L'un si sombre que j'ai peur que personne ne veuille le voir et l'autre est une comédie.