Rencontre avec Elle Fanning, membre du Jury des Longs métrages

Elle Fanning - Membre du jury des Longs Métrages © Matt Winkelmeyer / Getty Images

Plus jeune membre du Jury des Longs métrages de l’histoire du Festival à 21 ans, Elle Fanning est forte d’une solide filmographie. Découverte à sept ans dans Babel d’Alejandro G. Iñárritu, son Président de douze jours, l’actrice évoque ses venues à Cannes pour The Neon Demon et The Beguiled, et le regard frais qu’elle souhaite poser sur cette Compétition. Entretien.

Vous avez joué dans Babel en 2006, et vous faites désormais partie d’un Jury présidé par son réalisateur, Alejandro G. Iñárritu, est-ce réconfortant ? 
Oui vraiment. J’avais sept ans quand j’ai fait Babel, et je me souviens très bien de cette expérience. Ma grand-mère était avec moi, nous étions dans le désert à Tijuana, il faisait si chaud. J’étais très jeune et me retrouver sur un tournage avec lui, à cet âge, c’est vraiment un superbe souvenir. Tout est cyclique : je n’aurais jamais pensé que nous nous retrouverions ici, ensemble, dans ce Jury.

Êtes-vous heureuse d’en faire partie ? 
Je me sens si fière. Je me pince encore d’avoir été invitée à faire partie de ce groupe. J’essaie d’absorber autant d’informations que je peux, de me souvenir de chaque détail de ces deux semaines, aux côtés de ces gens que j’admire tellement.

La fraicheur de votre regard est-elle un atout ?
Même si je suis très jeune, j’ai commencé à jouer très jeune également, et j’ai été amenée à côtoyer de nombreux artistes et réalisateurs fantastiques. Je puise volontiers dans cette expérience mais cela ne m’empêche pas, quand je regarde les films, de le faire comme une spectatrice normale, de mon âge.

Vous n’essayez pas de représenter une autre génération…
Non, pas du tout, j’essaie d’être moi-même et de répondre vraiment à ce que je ressens. D’être aussi sincère que possible. Et je pense aussi à ce que mes amis, les gens de mon âge, penseraient des films. Mes amis ne viennent pas forcément de l’industrie cinématographique, ce sont principalement des amis de lycée.
 

« J’essaie de répondre à ce que je ressens en regardant les films »

Vous êtes jeune mais vous avez déjà une forte relation avec Cannes…
Oui. Je suis ici pour la troisième fois. J’avais dix-huit ans quand je suis venue présenter The Neon Demon de Nicolas Winding Refn en 2016. La deuxième fois, c’était pour The Beguiled (Les Proies) de Sofia Coppola en 2017, et elle a emporté le Prix de la Mise en scène. Ce festival est réellement accueillant pour les amoureux de cinéma, ces films font jaillir les pensées en vous.

Quels sont vos souvenirs de votre première venue ? 
J’avais dix-huit ans et c’était censé être mon bal de promo au lycée. Or j’ai raté mon bal pour venir à Cannes avec l’ami qui devait s’y rendre avec moi. Je portais une robe magnifique, nous sommes allés à la fête après, nous n’y croyions pas… Aussi, ce fut très excitant de vivre l’expérience du Festival à travers les yeux de Nick : Nick Refn fait vraiment partie de ce festival, il m’en a montré les rouages… J’ai aussi beaucoup grandi avec ce film, la perception que les gens pouvaient avoir de moi a également beaucoup changé. C’était un rôle plus sombre, sûrement un rôle pour une personne plus âgée que moi à l’époque… 

Et avec Sofia Coppola ?
Nous étions tellement de femmes : Sofia, Nicole, Kirsten… et bien sûr Colin Farrell mais il régnait vraiment un esprit Girl Power sur le tapis rouge. J’avais onze ans quand j’ai fait Somewhere avec Sofia, et c’était important pour moi de venir à Cannes pour un de ses films. Je considère qu’elle fait partie de ma famille. The Beguiled était pour moi un film à part car je l’ai fait à 18 ans, et c’est le premier que j’ai fait sans être accompagnée de ma mère sur le tournage. J’aime ce film également car on y retrouve la belle narration de Sofia, son style unique. Aussi, je joue la vilaine fille et j’ai aimé montrer ce côté de moi.

Quel est votre prochain projet ?
Je viens de jouer sous la direction de Sally Potter avec Javier Bardem, et je prépare quelque chose avec Tony McNamara, le scénariste de La Favorite de Yórgos Lánthimos (2018), donc c’est une autre connexion avec un membre du Jury. J’y serai Catherine II Impératrice de Russie!

Quel autre personnage inspirant aimeriez-vous être ?
J’ai toujours dit que je voulais faire une comédie musicale, mais je viens de le faire. Je rêve de tourner avec ma sœur Dakota, et j’espère que cela arrivera bientôt. En fait, je suis prête à relever n’importe quel défi !

Auriez-vous un mot pour votre génération ? 
Avec les réseaux sociaux, la tendance est à la comparaison permanente. Aussi, si vous êtes un jeune cinéaste ou un jeune acteur, ne vous comparez pas à d’autres personnes, n’essayez pas de changer. Tâchez d’être singulier et les gens vous respecteront. Ma génération est aussi vraie et honnête que possible, car artistiquement, cela se voit quand c’est faux. J’aime les films qui offrent une vérité, une vision. Ce sont ceux qui vous saisissent vraiment, ce sont ceux qui me touchent.