L’univers de Tim Burton

Un mélange de gothique, de poésie et d'humour...

Burtonesque. Hollywood reconnaît à ce point la force créative et l’originalité de Tim Burton, la capacité évocatrice de son univers, que son nom a fini par donner naissance à l’adjectif. C’est rare. Or à s’entendre dire « Burtonesque », que nous vient-il naturellement à l’esprit ?

Des monstres rafistolés, des squelettes joyeux, des amoureux mélancoliques, des tours et des escaliers à l’infini, des citrouilles, des chauves-souris et des parapluies, des arbres tordus, des épouvantails, des spirales et des damiers, des ponts que l’on enjambe pour passer du royaume des vivants à celui des morts, des pianos déglingués, des manoirs esseulés, des forêts enneigées… Il y a beaucoup d’halloween dans l’inventaire : normal, l’univers de Tim Burton est « gothique ».

On connaît ses influences : le cinéma fantastique, le cinéma expressionniste allemand, les films d’horreur de la Hammer Film Productions, Vincent Price, le kaiju eiga… Le gamin de banlieue s’est choisi Nosferatu et Frankenstein comme nourrices, il en garde encore un certain attachement pour les monstres : « … mon truc à moi ce sont les monstres. Déjà, môme, je les aimais. Je me sentais proche d’eux : en marge de la société et incompris, comme eux. De plus, j’ai toujours eu un faible pour les outsiders, ceux que l’on pense méchants alors que, en fait, ils ne le sont pas. Ce sont des personnages attachants, très intéressants à explorer. » Dans presque tous ses films, Tim Burton s’est ainsi fait le chantre des marginaux, des solitaires, des prétendus monstres. Pour les rendre attachants, il leur prête sa poésie, cousue entre autres des héritages d’Edgar Allan Poe (Vincent, L’Étrange Noël de Monsieur Jack), de Federico Fellini (Big Fish), du surréalisme, de l’illustrateur Edward Gorey.
 

Mais le caractère particulier de l’univers de Tim Burton ne peut se résumer à cette veine gothique poétique. Il y a de la joie chez Burton, qui a débuté sa carrière d’animateur chez Walt Disney et n’hésite pas à abandonner le nostalgique noir et blanc pour hisser, par exemple, les couleurs d’un Charlie et la Chocolaterie. Il y a de l’insolence et de la parodie, comme dans Mars Attacks!, drolatiquement ringard. Il y a de l’humour (fut-il noir) dans chacun de ses films, de Sleepy Hollow à Beetlejuice « film optimiste sur la mort ». Il y a de la musique aussi : une très longue et fructueuse collaboration avec Daniel Elfmann, qui participe intimement à l’identification de son univers.

Novateurs, visionnaires, excentriques, créés à partir de légendes populaires ou nés de l’imagination fertile du cinéaste, les mondes « burtonesques » sont de ceux qui nous font passer « de l’autre côté », à condition d’abandonner tout réalisme étriqué au pied de l’écran avant de plonger dans l’étrange avec délice.

 

 

Crédits photos (de haut en bas et de gauche à droite): L’étrange Noël de Monsieur Jack, Les Noces Funèbres, Edward aux mains d’argent, Batman, le défi, Sleepy Hollow, Big Fish, Charlie et la chocolaterie. –  www.collectionchristophel.fr