Cannes Classics : « Transes » de Ahmed El Maanouni

Transes © AFP

Cannes Classics, section dédiée à la découverte et à la redécouverte d’oeuvres cinématographiques du passé, a mis ce soir à
l’honneur Transes (1981), un film de Ahmed El Maanouni racontant l’histoire d’une révolution sociale apportée au Maroc au début des
années 70 par un groupe de musiciens décidé à rompre avec les « langueurs orientales » envahissantes et qui devint le porte-parole d’une jeunesse en
révolte. La projection de ce film en copie restaurée s’est déroulée en présence du réalisateur et de Martin Scorsese, ambassadeur de la toute
nouvelle World Cinema Foundation, association à but non lucratif visant à apporter un soutien financier à la restauration et à la diffusion des films du monde entier,
et plus particulièrement d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie et d’Europe centrale.

A cette occasion, Martin Scorsese a déclaré : « En 1981, je faisais le montage de La Valse des Pantins. On travaillait la nuit pour ne pas être
dérangés par le téléphone. C’était calme et tranquille. La télévision était tout le temps allumé. Un soir, vers 2 heures ou
3 heures du matin commence un film intitulé Transes. Ils l’ont passé plusieurs fois. J’ai tout de suite été fasciné par la musique, mais aussi par
la façon dont était conçu ce documentaire. En plus d’avoir un effet particulier sur le public, il s’agissait d’un véritable portrait sur le Maroc.
Elle devient une source d’inspiration pour mon film suivant La Dernière Tentation du Christ, ainsi que pour Peter Gabriel qui en a fait la bande originale. Je
l’ai fait écouter à de nombreux musiciens autour de moi comme Robbie Robertson. (…) Ce mélange de poésie, de musique et de théâtre permet
de revenir à l’origine de ce qu’est la culture marocaine. Ils chantent leur pays, leur peuple, leurs souffrances. Ce film, depuis ces années-là, est devenu un
obsession, c’est pour ça que j’ai voulu inaugurer cette fondation avec Transes. »

Ahmed El Maanouni a pour sa part poursuivi : « Je remercie évidemment du fond du cœur Martin Scorsese qui est pour moi venu d’une autre planète. On fait les
films au Maroc avec des petits moyens. Quand quelqu’un d’une autre planète se penche sur notre berceau, c’est un conte de fée. Je le remercie du fond du
cœur au nom de nous tous, qui faisons ce travail modestement. Je remercie également le Festival de Cannes de nous ouvrir ses portes. S’il y a beaucoup d’espoir dans
cette belle idée de Martin Scorsese, c’est que s’intéresser à la culture est encore possible dans ce monde où il y a tellement de tensions et de
conflits. Avec Transes, j’ai juste posé un regard avec beaucoup de respect sur le talent énorme de ce groupe qui représentait tellement pour la
jeunesse marocaine, de tout un continent même. J’ai eu toute liberté sur ce projet. Je suis très fier pour toute l’équipe. Merci pour cette belle
idée qu’est la World Cinema Foundation. »

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