Conférence de presse : « 4 Mois, 3 Semaines et 2 Jours »

Conf 4 Mois © AFP

L’équipe de 4 Mois, 3 Semaines et 2 Jours, film roumain présenté en Compétition ce jeudi 17 mai, a répondu aux questions de la presse
internationale. Le réalisateur Cristian Mungiu était accompagné des comédiens Laura Vasiliu, Vlad Ivanov et Alex Potocean, ainsi que du chef opérateur Oleg
Mutu.

Cristian Mungiu sur ses intentions : « Je n’ai pas voulu faire un film sur l’avortement ou le communisme, je pense que le film va au-delà de cela. Mais il y a
beaucoup d’allusions au communisme, par exemple dans la scène du repas. L’avortement me semblait un bon exemple pour parler de l’influence qu’ont sur nous la
propagande et l’éducation qu’on reçoit, même si on ne s’en rend pas compte sur le moment. »

Cristian Mungiu, sur l’interdiction de l’avortement en Roumanie : « L’avortement était légal en Roumanie jusqu’en 1966. Cette
année-là, Ceaucescu a fait adopter une loi l’interdisant car il voulait bâtir de nouvelles générations aptes à atteindre les objectifs du
communisme. Mais certaines femmes n’étaient pas forcément prêtes. Je fais d’ailleurs partie des bébés nés à cette époque,
c’est pour cela qu’il était important pour moi de faire ce film. Puis l’avortement s’est répandu de façon illégale, seuls ceux qui
appartenaient à des classes sociales supérieures trouvaient des médecins. Ce qui comptait pour les familles, c’était de faire ça en secret, sans que le
gouvernement ne le sache, mais on ne se posait pas de question morale. Une des premières mesures prises après le régime de Ceaucescu a été de légaliser
l’avortement, et il y a eu près d’un million d’avortements au cours des deux premières années. »

Cristian Mungiu, sur le travail en décors réels : « Je tenais à ce que les acteurs travaillent dans un environnement réel. Il n’y a pas la même
atmosphère que sur un plateau. Et ce qui m’intéressait, c’était de montrer le contraste entre l’intérieur de la chambre d’hôtel et
l’extérieur : il fallait qu’on voit qu’à l’extérieur, la vie continue, et que les gens se moquent de ce qui se passe dans cette chambre.
»

Cristian Mungiu, sur le choix de tourner des scènes longues : « Je tenais à tourner des scènes très longues car je voulais laisser le temps à
l’émotion de s’installer. Si cela avait été possible techniquement, elles seraient même encore plus longues ! Bien sûr, c’est plus difficile
pour les acteurs, car je leur demandais de connaître les dialogues de façon très précise. »

Oleg Mutu, sur son travail avec le réalisateur : « Cristian m’a dit qu’il voulait une atmosphère réaliste, il fallait que le spectateur ne sente pas
d’où vient la lumière. C’était difficile, car on tournait dans un espace très petit, avec une grosse caméra. On a beaucoup réfléchi
avant le tournage, mais finalement c’est pendant le tournage qu’on a trouvé le style. Concernant la place de la caméra, on a essayé d’être toujours au
niveau des yeux des acteurs. »

Cristian Mungiu, sur le cinéma roumain contemporain : « En Roumanie, ce qui freine l’industrie cinématographique, c’est le fait que nous n’ayons pas de
star-system. Mais l’intérêt porté par des festivals comme Cannes est très bénéfique, car il entraîne une meilleure diffusion des films.
J’ai bon espoir que le cinéma roumain se développe. »

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