Conférence de presse : « De l’autre Côté »

Conf Akin2 © AFP

Dans le cadre de la conférence de presse, l’équipe du film De l’autre Côté s’est retrouvée pour répondre aux questions
des journalistes. Etaient présents : le réalisateur Fatih Akin, les acteurs Tuncel Kurtiz, Nursel Köse, Hanna Schygulla, Nurgül Yesilcay, Patrycia Ziolkowska, Baki Davrak,
ainsi que les producteurs Klaus Maeck et Funda Odemis. Propos rapportés.

Hanna Schygulla sur son intérêt pour le sujet : « Quand j’ai lu le scénario, je l’ai trouvé très inhabituel pour un jeune
réalisateur comme lui. Il entrait dans des considérations assez fondamentales : la mort qui fait partie de la vie, nos réactions vis-à-vis d’elle, notre
conscience approfondie… Beaucoup de jeunes cinéastes passent outre le tabou de la mort ; ils réagissent contre. J’aime beaucoup ce que Fatih Akin a développé
avec ce film. Le fait que les personnages, qui doivent accepter la mort d’un proche, ne souffrent pas d’amertume. Au contraire, ils essaient de poursuivre l’œuvre de
l’autre… L’idée de transformer le deuil par une espèce d’alchimie ; il y a une transmutation, on transforme le deuil en or. C’est une déclaration,
une affirmation de soi contre cette impuissance face aux choses horribles qui arrivent à travers le monde. On peut se préoccuper de l’autre, on peut donner, sans attendre de
recevoir. »

Fatih Akin sur ses qualités de metteur en scène : « Est-ce que je suis différent des autres réalisateurs ? Hier, j’étais en compagnie des
cinéastes de la World Cinéma Foundation, Walter Salles, Martin Scorsese et d’autres. Ce dernier disait dans un documentaire qu’il regardait toujours autant de films parce
qu’il cherche toujours un maître. Moi aussi, je regarde au moins un film par jour, parce que je cherche aussi un maître. C’est une quête. Et j’espère
continuer ainsi jusqu’à la fin de ma carrière. J’espère que je continuerai à faire régulièrement des films où le cinéma
reflète le cinéma. »

Fatih Akin sur les personnages : « Les six personnages sont en fait des parties de moi-même. (…) J’ai été inspiré aussi par beaucoup de personnes
que j’ai rencontrées pendant le tournage de Crossing the Bridge : the Sound of Istanbul, notamment des artistes politiques, des musiciens qui essaient de changer
le monde par la musique. C’est peut-être très naïf. Je trouve que la résistance politique peut-être très sexy. »

Tuncel Kurtiz:
« En 1970, je suis venu à Cannes présenter un film. On avait dû l’amener en contrebande. Je n’ai pas pu rentrer en Turquie parce que trois mille intellectuels et
jeunes acteurs avaient été arrêtés par la police. J’ai dû passer quatre années en Europe, essayant de travailler en tant que cinéaste ou acteur.
Je suis rentré finalement en Turquie, mais il était très compliqué d’y travailler avec le nouveau gouvernement. Je suis alors allé en Suède, à
Berlin où j’ai dû apprendre l’allemand, en Israël, en Italie, à Paris. (…) Le monde est très beau, les êtres humains sont identiques ; il n’y a que la
langue qui change. Quel est la différence ? Nous sommes tous des êtres humains. Notre objectif est de créer une communauté mondiale plutôt qu’européenne.
Je suis très heureux de travailler avec Fatih Akin, j’ai rencontré des gens fantastiques. Je me suis senti libre. Le monde est une petite maison, il faut en faire notre jardin, la
langue n’a rien à voir là-dedans. »

Nursel Köse : « Je viens de Turquie mais je vis maintenant en Allemagne, je suis en quelque sorte une personnalité hybride. Cette situation concerne toute une
génération, et c’est à nous de nous en accommoder. Aller en
Turquie pour y travailler, cela fait partie de ma vie. »
Baki Davrak : « Ce fût une expérience extraordinaire de travailler sur ce film. Aller en
Allemagne puis en Turquie fut très spéciale pour moi. En fait, je suis né en Allemagne, j’y ai grandi, mais je connais aussi très bien la Turquie. Y retourner, y
travailler, y voir cet autre monde, cet autre côté, c’est une sorte de voyage intérieur. Je suis toujours très
impressionné par les choses très différentes que j’ai vu, les personnes rencontrées… Ce voyage n’est pas terminé. »
Nurgul Yesilcay :
« Je pense que tous les gens qui sont impliqués dans la fabrication d’un film sont similaires, pensent de la même façon, ont une approche semblable du travail.
Pour moi, ce n’était pas difficile d’aller en Allemagne pour jouer sur ce film. Peu m’importe le lieu du tournage. »

Fatih Akin sur sa présence à Cannes : « J’étais beaucoup plus à l’aise il y a deux ans lorsque j’étais Juré. Voir trois
films par jour, c’était vraiment un plaisir. On est qualifié pour la coupe du monde de football. Quand vous faites partie du Jury ou que votre film est Hors
Compétition, c’est un match amical. Quand vous êtes sélectionné, c’est comme jouer contre le Brésil en finale. »

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