Conférence de presse du Jury

Conf Jury © AFP

Le Jury de cette 60ème édition du Festival de Cannes s’est réuni aujourd’hui à l’occasion de sa conférence de presse inaugurale. Pour livrer
ses impressions et ses intentions aux journalistes, le Président Stephen Frears était entouré de ses Jurés Maria De Medeiros, Toni Collette, Sarah Polley, Maggie
Cheung, Marco Bellocchio, Orhan Pamuk, Abderrahmane Sissako et Michel Piccoli. Morceaux choisis…

Sur la responsabilité d’être Juré à Cannes :
Marco Bellocchio : « C’est une occasion pour moi de voir des films et des grands metteurs en scène pour apprendre. C’est une forme d’émulation et je
n’ai aucun problème pour juger. »
Maria De Medeiros : « C’est un grand honneur, un grand plaisir de découvrir tant de films, d’artistes,
d’auteurs très importants. Ce qui compte, c’est le plaisir de découvrir ces films. Je ne sais pas si on peut juger l’art, mais ce sera merveilleux
d’échanger nos idées en ce qui concerne ces films. »

Sur la préparation pour être Juré à Cannes :
Toni Collette : « Je ne sais pas comment on peut se préparer… Je pense qu’il faut accompagner les films en étant efficace. Aller aux projections du Festival comme
pour n’importe quel autre film, c’est s’engager. »

Orhan Pamuk : « Nous ne sommes pas là pour juger les films antérieurs des réalisateurs présents, nous sommes là pour juger les films qui sont
sélectionnés : un tel est bon, un tel autre est moins bon. On n’a donc pas besoin de préparation. Il s’agit de se rendre aux projections avec l’enthousiasme
d’un enfant, de dire : voilà aujourd’hui, c’est ce film qui me plaît le plus. C’est pour cela que c’est tellement ludique et amusant ; nous ne sommes
pas des professeurs d’Université, nous sommes juste des cinéphiles. »

Sur le jugement des films :
Sarah Polley : « Savoir que réaliser un film est très difficile rend plus généreux quand vous regardez le travail des autres. C’est même plus
facile de voir les mérites d’un film qui n’est pas parfait. Par conséquent, je pense que je serai la critique la moins sévère envers des films en
Compétition. »
Stephen Frears : « Comme on l’a dit tout à l’heure, on regarde un film et tout est là. Ce que l’on sait aide bien
peu. Dans ma jeunesse, le cinéma était encore innocent avant qu’il ne prenne conscience de lui-même. Mes premiers souvenirs de cinéma ? J’allais voir des
films simplement parce que je les appréciais. Peu importe sa nationalité. »

Stephen Frears sur l’importance du Festival de Cannes : Dieu merci, il y a une demande pour un certain type de cinéma. Dieu merci, il y a une alternative aux productions
américaines. Et je pense que Cannes célèbre au mieux ce cinéma varié. Il y a beaucoup d’endroits à travers le monde, mais Cannes est en tête
de ces festivals. »

Maggie Cheung sur le fait de juger les acteurs : « Je ne crois pas qu’il y ait de règles. C’est une question de performance ; il est très
difficile de juger un acteur : il peut être excellent, ou parfois la qualité de son interprétation est dûe au travail du réalisateur, alors que l’acteur
n’est pas forcément compétent en soi. Il faut parler le langage de la vérité, il faut jouer. Ce que je vais rechercher, c’est un acteur ou une actrice
authentique. »

Abderrahmane Sissako sur sa méthode de travail : « Ce qui est important, c’est d’aimer voir les films. Personne n’est spécialiste, on est de simples
spectateurs. Je verrai les films librement. Ce qui m’anime vraiment, c’est le sentiment de partager des visions différentes des films. Je serai capable de changer d’avis
si un autre Juré m’a fait comprendre quelque chose. »

Orhan Pamuk sur son premier souvenir du Festival de Cannes : « Probablement comme pour tout le monde, ce sont des clichés en noir et blanc, pris sur la plage, d’une femme
dénudée dans les années 60. C’était ma première image, mon premier souvenir, et j’avais envie d’être à Cannes à cette
époque. »

Michel Piccoli sur l’évolution du Festival de Cannes : « Depuis cent ans, le cinéma vit d’une façon extrêmement énergique dans le monde
entier. (…) Il y a une chose tout à fait extraordinaire avec ce Festival de Cannes – d’abord, il se passe en France, pardon d’être un peu vaniteux –
c’est qu’on peut y voir tous les cinémas du monde entier. Aux Etats-Unis par exemple, vous ne voyez que les films américains, ce qui est normal. Mais, vous ne voyez pour
ainsi dire aucun film des autres pays. Je crois que ce 60ème anniversaire prouve à quel point ce Festival de Cannes a été utile pour le cinéma en
général, pour le cinéma du monde entier. Continuons le combat. »

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