Conférence de presse : « Les Chansons d’Amour »

Honoré © BBQ

A l’occasion de la conférence de presse des Chansons d’Amour, présenté en Compétition, toute l’équipe a répondu aux questions des
journalistes. Etaient présents : le réalisateur Christophe Honoré, les comédiens Louis Garrel, Ludivine Sagnier, Clotilde Hesme, Chiara Mastroianni et Grégoire
Leprince-Ringuet, le chanteur-compositeur Alex Beaupain et le producteur Paulo Branco. Propos rapportés.

Sur l’origine du projet :
Christophe Honoré : « Avec Alex, on a un goût commun pour les comédies musicales. Parallèlement, en tant que cinéphile, j’éprouve un vrai
amour pour le cinéma de Jacques Demy. Au moment de la sortie de Dans Paris, il nous a semblé, à tous les deux, qu’il y avait une opportunité de
proposer une comédie musicale moderne, différente, sur la base des chansons d’Alex. »

Alex Beaupain : « Ma première réaction fut d’être un petit peu effrayé. Christophe m’a parlé de l’idée du projet en septembre
et il fallait tourner en janvier… Mais, j’ai un petit peu l’habitude avec lui. C’était un projet très enthousiasmant. J’avais déjà
chanté certaines de ces chansons sur mon premier album. Là, je devais aider les acteurs pour les enregistrements et en écrire d’autres en fonction du scénario
développé par Christophe. C’était très excitant. »

Alex Beaupain sur la direction d’acteur : « J’ai juste essayé de faire chanter les acteurs juste et en rythme ; ils savaient tous le faire… En ce qui concerne la
direction d’acteur, c’est surtout Christophe qui s’en est chargé. Ca n’a d’ailleurs pas toujours été très simple entre nous. Pour ma
part, je faisais très attention à la justesse et lui à l’incarnation, aux intentions. Il y a donc eu quelques frictions en studio, mais au bout du compte,
c’était assez complémentaire. »

Christophe Honoré sur le romantisme du film : « L’idée principale repose sur l’incapacité, du moins l’impuissance, de ces personnages très
romantiques à exprimer leurs sentiments aux autres. Les chansons représentent la passerelle où ils allaient pouvoir se dévoiler. C’est vrai que je n’avais
jamais vraiment abordé le sentiment amoureux dans mes films précédents. J’en suis assez méfiant. On a peur d’être mièvre, on a peur comme dans
la vie… Les chansons m’ont donc permis d’atteindre un lyrisme, afin de pouvoir affronter les sentiments mais sous une forme assez décalée. »

Christophe Honoré sur le concept de néo-Nouvelle Vague : « Je ne suis pas un enfant de la Nouvelle Vague ; je n’ai pas un héritage sur les épaules
comme ont pu le sentir les réalisateurs du début des années 80. (…) On parle beaucoup de la difficulté du cinéma d’auteur. Mais il existe une
manière d’en contourner les lois économiques, en les prenant de vitesse. C’est plus facile de tourner avec des gens qu’on aime bien, sur des sujets assez
personnels, en peu de jours. En somme, de privilégier le désir à une certaine grâce des grands sujets. C’est plus la manière de faire les films qui renvoie
au concept de la Nouvelle Vague. Ce n’est pas uniquement des références esthétiques. ( …) J’aime bien cette idée que le cinéma est fait
d’impatience. Accorder ses désirs à ses moyens sans pour autant négliger ses exigences artistiques, c’est une vraie leçon de la Nouvelle Vague.
»

Christophe Honoré sur la référence à Jean Eustache : « Ce que j’ai appris d’Eustache, c’est qu’un film est avant tout une langue. Je
me méfie souvent des arcanes du scénario. Je suis contre les scènes de situation, les climax ; j’ai le sentiment que les films du coup sont très formatés.
Par contre, je crois de plus en plus à la force du dialogue. Dans ce film, il y avait un vrai travail à effectuer : il fallait que le moment où l’on passe du dialogue
au chant soit harmonieux. Les chansons d’Alex ont une vraie tenue poétique, portée sur la métaphore. Si j’avais eu des dialogues très naturalistes, la
transition aurait été moyenne. »

Louis Garrel sur la difficulté de chanter : « Chanter est une vraie contrainte, c‘est la chose la plus impudique qui m’ait été donné de faire. Il
y a un tel abandon du corps, on est tellement concentré sur la voix qu’on ne sait plus ce qu’on fait du reste. »

Photo copyright Bertille Blard-Quintard