Conférence de presse : « My Blueberry Nights »

Conf Jude © AFP

Wong Kar Wai a inauguré la première conférence de presse cette 60ème édition du Festival de Cannes, en répondant aux questions des journalistes au sujet
de My Blueberry Nights, le film d’ouverture présenté en Compétition. A cette occasion, le réalisateur chinois était entouré des deux
comédiens principaux Norah Jones et Jude Law.

Wong Kar Wai sur ses ambitions avec My Blueberry Nights : « Le principal challenge consistait à tourner en anglais, qui n’est pas ma langue maternelle. Au
fil des années, j’ai vu de nombreux films sur la Chine réalisés par des metteurs en scène étrangers. C’est toujours un peu curieux pour nous, car
les choses sont souvent représentées de façon trop exotiques. Je voulais donc faire un film dans une autre langue, tout en évitant cet écueil dont je viens de
parler. En le préparant, j’ai toujours demandé à Norah, à Jude, ainsi qu’à toutes les autres personnes qui m’entouraient, ce qu’ils
pensaient. Parfois mes questions étaient un peu sottes, mais j’avais besoin de référence. Par exemple, un baiser signifie autre chose dans la culture chinoise. Il y a
des connotations subtiles et je voulais rendre hommage aux Américains en évitant les erreurs que les autres font dans leurs films sur la Chine. Je crois que nous avons tous quelque
chose à partager en dépit de nos races et de nos cultures différentes. Nous pouvons partager des émotions au-delà des langues. »

Wong Kar Wai sur la genèse du film : « L’histoire de My Blueberry Nights est née des courts-métrages que j’ai tournés par le
passé. Un court de six minutes avait déjà servi de base à In The Mood For Love. Dans ce cas, plutôt que de faire un remake, je dirai que
c’est le prolongement naturel. J’ai tourné aux Etats-Unis parce que je voulais travailler avec Norah ; je pensais que cette histoire était parfaite pour elle. Par
ailleurs, il était intéressant de tourner en anglais et à New York – parce qu’elle y vivait, elle était occupée à l’époque. Mais nous
avons réussi à trouver du temps pour travailler ensemble. Nous avons mis au point cette histoire qui est très différente. Dans le court-métrage, ce n’est
que le premier chapitre. Ici, il y a ce prolongement qui nous mène à Memphis ; on traverse le pays… Je me suis demandé si c’était un road movie, je ne crois
pas, car ce n’est pas un film qui parle de voyage mais de distance. Même si elle est très proche de Jeremy, le personnage incarné par Jude Law, la distance entre les
deux personnages est très importante. »

Norah Jones sur ses débuts au cinéma : « C’est Wong Kar Wai qui est venu me chercher à l’improviste. Je lui ai répondu que j’étais
en tournée et que je n’étais pas actrice. J’ai découvert par la suite ses films. J’ai vu In The Mood For Love, c’était le film
le plus merveilleux que j’ai jamais vu. Et peut-être souhaitait-il que j’ajoute de la musique ? Il m’a demandé en fait si je voulais être actrice. J’ai
posé quelques questions, mais à l’époque, il n’avait guère d’informations. Je me suis alors lancée, je lui ai fait totalement confiance.
»

Sur leur collaboration avec Wong Kar Wai :

Jude Law : « C’était une expérience extraordinaire. Les films sur lesquels j’ai travaillé où il y avait un élément
d’improvisation, où il y avait un apport personnel, donnent un sentiment de liberté très fort. Sur My Blueberry Nights, j’avais l’impression que beaucoup
de règles que l’on a l’habitude d’appliquer étaient jetées par la fenêtre. Je me sentais très libre, j’allais au travail ne sachant pas
ce qui allait se produire. Cela ne m’a pas fait peur, c’était plus un défi excitant. Et je savais que ça allait être très créatif et juste
à la fin. Ce film repose sur la collaboration, tout le monde était là pour que le produit final soit le meilleur possible. »

Norah Jones : « C’est la seule manière que je connaisse de faire des films. Pour moi, c’était drôle. J’étais présente sur tout le
film, j’ai donc pu travailler avec tous les acteurs les uns après les autres, individuellement. Je me sentais tout à fait à l’aise. Je mettais juste quelques
jours pour m’habituer lorsqu’il y avait un changement de partenaire. Mais je ne connais pas d’autre manière de travailler que celle de Wong Kar Wai.
»

Sur les choix musicaux de My Blueberry Nights :

Norah Jones : « Avant que je ne connaisse l’histoire, Wong Kar Wai avait pris beaucoup de clichés sur la route. Il m’a demandé de choisir des musiques qui
correspondent aux images. J’avais donc toute une liste de chansons que j’aimais beaucoup. Je sais qu’il a utilisé pas mal des morceaux que l’on a
écouté pendant le tournage. »
Wong Kar Wai : « Tout au début, on a décidé avec Norah que les spectateurs ne devait découvrir que l’actrice. Par conséquent, on a choisi de ne
pas passer ses chansons. Je ne voulais pas rappeler au public qu’elle était aussi chanteuse. Et je pense que sa performance est assez forte pour qu’elle soit maintenant
perçue en tant que comédienne. »

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