Conférence de presse : « Une Vieille Maîtresse »

Conf Breillat © AFP

La réalisatrice Catherine Breillat, dont le film Une Vieille Maîtresse est présenté en Compétition aujourd’hui, a répondu ce
vendredi matin aux questions des journalistes lors de la traditionnelle conférence de presse. Elle était accompagnée des acteurs Fu’ad Ait Aattou, Asia Argento, Roxane
Mesquida et Claude Sarraute, ainsi que du producteur Jean-François Lepetit. Extraits choisis.

Catherine Breillat sur l’envie d’adapter ce roman : « J’adore le dandysme, l’époque du XIXe siècle, et je pense que c’est le plus beau et
le plus fabuleux roman français. Si j’avais vécu au siècle de Barbey d’Aurevilly, j’aurais été Barbey d’Aurevilly. J’en suis
convaincue. Ce livre a fait l’objet d’attaques et on le croyait scandaleux, or on voit bien qu’il n’est pas scandaleux, il est immense (…) Ce roman a
été écrit par un homme. Moi, je me considère comme un peintre. Et le signature d’un peintre, c’est son nom. Et mon nom, c’est Breillat. On sait que
c’est féminin, mais ce n’est pas ça qu’on montre à l’écran.»

Asia Argento sur sa motivation à jouer dans le film : « C’était d’abord l’envie de travailler avec Catherine. J’ai adoré son cinéma
avant de la connaître. Après, j’ai lu son scénario et j’étais émue par cette histoire d’amour que j’ai trouvée universelle. Je
me suis retrouvée dans cette époque du romantisme. J’ai vécu quelquechose d’identique dans ma vie, comme beaucoup de monde. »

Fu’ad Ait Aattou sur son appréhension à jouer un tel rôle : « C’était effrayant au départ. Je suis timide de nature, mais le fait de
surmonter la peur a été très excitant. »

Catherine Breillat sur le côté provocateur de son œuvre : « Je ne l’ai pas laissé derrière moi, mais quand j’ai fait Anatomie de
l’Enfer
, j’ai dit que c’était le dixième film avec un grand « X », le dernier, le plus radical et le plus transgressif. Celui que
j’avais jamais osé faire. Et après ça, je voulais faire un film sur le plaisir, sur la passion, un film plus apaisé pour le spectateur. »

Catherine Breillat sur les conséquences de son attaque cérébrale sur le tournage : « Simplement, ça m’a fait rire, car je symbolise tout par des
chiffres, et 11, c’est le corps hémiplégique. Or il s’agit de mon onzième film. C’est à Jean-François Lepetit que revient le courage
d’avoir fait ce film, car c’est le film le plus lourd financièrement que j’ai jamais fait. Le plus lourd aussi à porter, car il est en costumes. Mais le
cinéma, c’est ma vie, et ma vie a été investie dans sa plénitude dans ce film. Je ne crois pas qu’il s’agisse d’un film
hémiplégique. »

Roxane Mesquida sur son personnage : « J’étais très contente de jouer ce personnage. On me dit souvent que j’ai une image très sexy et pour une fois,
j’ai un rôle très pur. Ca m’a vraiment touchée. Hermangarde est tellement amoureuse et j’ai ressenti la douleur qu’elle pouvait ressentir
d’être trompée de la sorte. »

Catherine Breillat sur le choix de Fu’ad Ait Aattou et Asia Argento : « Fu’ad a été une révélation dès que je l’ai vu.
C’était vraiment celui que je cherchais depuis toujours, c’est-à-dire un jeune homme de la Renaissance italienne avec une beauté ravageuse de fille, car la
beauté est toujours féminine, et sans être du tout efféminé, il y a chez lui ce côté radieux. Et puis Asia, elle est féminine sans
être efféminée, elle est une panthère absolument sexuelle comme elle l’a déjà montré dans ce Festival. Mais en même temps, elle a la
force d’une panthère, et une panthère, c’est aussi masculin, parce qu’il en ressort de la violence. Ce qui m’intéresse, ce ne sont pas deux
personnages qui sont des prototypes, mais qui s’échangent l’un l’autre au cours de la relation. Asia est masculine et domine Ryno de Marigny, et parfois c’est lui
qui la domine, car elle en est éperdument amoureuse et sacrifie tout pour lui, et finalement il ne sacrifie rien pour elle. »

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