Un Certain Regard : « Calle Santa Fe » de Carmen Castillo

Calle2 © Anne-Laure Bigot

En lice pour la Caméra d’Or, Calle Santa Fe est le premier long-métrage de Carmen Castillo présenté dans la section Un Certain Regard. Militante
du Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR), elle s’est réfugiée en France dans les années 70 après avoir été expulsée du Chili.
Elle a écrit des récits en français et a réalisé des documentaires pour la télévision. A la fin de la dictature en 1990, le Chili lui semble
toujours un pays hostile, étranger. C’est à partir de 2002 qu’elle entreprend de raconter son histoire. Rue Santa Fe, le 5 octobre 1974, dans les faubourgs de Santiago
du Chili, Carmen Castillo survit à son compagnon, Miguel Enriquez, chef du MIR et de la Résistance contre la dictature de Pinochet. C’est le point de départ de
Calle Santa Fe, voyage sur les lieux du présent. Tous ces actes de résistance valaient-ils la peine ? Miguel est-il mort pour rien ?

« Je pense qu’on ne comprend jamais comment il est possible de survivre à la perte d’un grand amour, comment on survit à l’absence, confie Carmen
Castillo. Et pourtant, ma mémoire est passée de l’horreur et du mal au bien. Pendant longtemps, il n’y a eu pour moi au Chili que des fascistes. Même si je
savais qu’on trouvait encore de l’humain entre les prisonniers, dans les maisons de tortures et dans les camps, je n’avais qu’une seule perception, celle du mal et de la
peur. (…) Je suis revenue filmer dans la rue Santa Fe comme une personne qui revient là où une vie a été brisée. Mais j’ai compris enfin cette
manière d’être, cette façon de lutter d’un peuple qu’on n’avait jamais consulté, à qui on n’avait jamais demandé son opinion sur
la dictature. (…) Du film centré sur une histoire personnelle, je passe à un film choral, celui des voix d’une génération de révolutionnaires.
»

Photo Copyright Anne-Laure Bigot