Conférence de presse : « Gomorra »

Toute l’équipe du film Gomorra s’est retrouvée en salle de conférence pour répondre aux questions de la presse internationale. Etaient présents, autour du réalisateur Matteo Garrone et de l’écrivain Roberto Saviano, les acteurs Maria Nazionale, Toni Servillo, Salvatore Cantalupo, Gianfelice Imparato, le scénariste Maurizio Braucci et le producteur Domenico Procacci. Propos rapportés.

Matteo Garrone sur ses partis pris formels :
« Pour rendre l’impact émotionnel que j’ai ressenti en me rendant dans ces territoires, il m’a semblé que ma réalisation devait être la plus discrète possible. L’histoire suggérait elle-même ce langage très simple ; toute volonté de beaux cadrages, de beaux mouvements de caméra était rejeté assez naturellement par le film. Les reportages de guerre que j’ai vus m’ont influencé aussi. Je voulais donner aux spectateurs la sensation qu’ils se situent au cœur de l’action. Je voulais qu’ils puissent ressentir les odeurs. »

Roberto Saviano sur la mafia assimilée à une entreprise :
« Le jour où les deux tours jumelles se sont écroulées, il y a deux personnes qui se passent un coup de fil en Campanie. Ils déduisent immédiatement que dans le centre de New York, il y a du terrain qui s’est libéré, donc de l’espace où ils peuvent investir et gagner de l’argent. Ca vous donne une idée du dynamisme de cette organisation. »

Matteo Garrone sur le tournage et les risques encourus :
« De la part de la population, il y a eu une grande disponibilité, une grande participation. Ils ont sûrement été les premiers spectateurs de ce film. Ils étaient toujours derrière l’écran de contrôle, ils nous donnaient des conseils. Souvent, c’est le cinéma qui forme le goût de ces gens et non le contraire. Même si ce film dénonce une réalité, on a choisi une direction différente du livre : ce n’est pas une enquête. Donc, je ne me sens pas en danger personnellement. Le film et le livre sont complémentaires, ils s’entraident. »

Gianfelice Imparato sur son rôle :
« J’ai eu la chance de jouer un personnage qui symbolisait la peur, la peur de tous les gens qui se trouvent dans cette situation. Et pour reprendre l’idée de la réalisation très discrète, je me suis trouvé en harmonie parfaite avec ce concept. Mon personnage se doit d’être invisible, de raser les murs ; d’ailleurs, on l’appelle le sous-marin. Comme pour le théâtre, j’ai appliqué la règle de la soustraction, je devais avoir réellement peur. »