Palme d’Or : « Entre les murs » de Laurent Cantet

L’acteur Robert De Niro a décerné au réalisateur français Laurent Cantet la Palme d’Or de cette 61ème édition du Festival de Cannes pour Entre les murs. Il s’agit de la première Palme d’Or remportée par un film français depuis Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat en 1987.

Durant la Cérémonie de remise des Prix, Laurent Cantet a déclaré : « J’ai plein de gens à remercier. D’abord les membres du Jury, je suis à la fois très ému et très heureux de savoir que le film a réussi à les toucher à l’unanimité. Merci beaucoup. J’ai à remercier évidemment Gilles Jacob, Thierry Frémaux et toute l’équipe du Festival pour avoir invité ce film. J’ai aussi une pensée très émue pour mes productrices Caroline Benjo, Carole Scotta et Barbara Letellier ainsi que pour Laurence Petit qui distribue le film. Tout cela vient après dix-douze ans de travail en commun, au cours desquels une véritable fidélité, une véritable amitié se sont créées. Ici, ce soir, c’est un moment très fort pour nous. En ce moment, nous sommes dans un contexte cinématographique où la fabrication des films un petit peu singuliers est devenue de plus en plus difficile. Paradoxalement, ce film s’est fait d’une façon idéale. J’ai lu le livre de François Bégaudeau, les choses se sont enchaînées presque naturellement. Il y a eu une espèce d’état de grâce qui nous a soutenus durant la fabrication du film et l’élaboration du casting. J’ai rencontré tous ces jeunes gens au moment de l’écriture du film, celle-ci a été portée par des évidences qui se sont vérifiées jusqu’au montage. Dans les moments de doutes terribles où j’ai pu parfois sombrer, il y a eu une espèce de légèreté que je dois à l’énergie et à la force de tous ceux qui nous entourent et qui sont des acteurs formidables. Le film qu’on voulait faire devait ressembler à la société française : très multiple, foisonnante, complexe, avec des frictions que le film ne cherchait pas à gommer. J’espère qu’il ressemble à ça et qu’on ne s’est pas trompé. Merci beaucoup ! »

Lors de la Conférence de presse des Lauréats, Laurent Cantet a ajouté : « Je ne suis pas si surpris que ça, parler de l’école intéresse le monde entier. Les questions sont un peu les mêmes quelque soit le pays où on se trouve. On va à l’école pour apprendre quelque chose mais aussi pour devenir un adulte responsable, un citoyen. On a senti lors des projections que la façon dont on racontait l’histoire était partageable, le public étranger rentrait dans le film d’une manière à peu près aussi directe que le public français. Les discussions qu’on a pu avoir avec les spectateurs me l’ont confirmé. Cela m’a fait très plaisir sans me surprendre outre mesure. Ce film s’adresse aussi aux gens qui ne savent pas ce qu’est l’école, qui n’y ont pas mis les pieds depuis très longtemps comme la plupart d’entre nous, qui ont beaucoup d’idées très arrêtées et préconçues sur l’enseignement, sur l’école, sur les jeunes d’aujourd’hui qu’on présente souvent comme des crétins. J’espère que le film leur rend justice et rend justice à tout le travail qui est fait dans cet espace. »