Un Certain Regard : « Je Veux Voir » de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige

Présenté dans la section Un Certain Regard, "Je Veux Voir" est un projet atypique initié par les réalisateurs Joana Hadjithomas et Khalil Joreige.

Présenté à Un Certain Regard, Je Veux Voir est un projet atypique initié par les réalisateurs Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. A l’aube de cette nouvelle guerre au Liban qui éclate en juillet 2006, ils se demandent si le Septième Art peut encore changer le monde. Pour ce faire, ils décident de partir à Beyrouth avec une « icône », une comédienne qui représente pour eux le cinéma, Catherine Deneuve. Ils vont parcourir les régions touchées par le conflit. A travers leurs présences, leur rencontre, ils espèrent retrouver une beauté disparue.

« Est-ce une fiction ou un documentaire ?, s’interrogent Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Il est très difficile de faire la part des choses dans ce long métrage. Nous connaissions très bien les lieux, les aventures vécues par Catherine. Le scénario ressemble beaucoup au film fini. Pourtant, tout ce qui advient est de l’ordre de l’aventure documentaire. Les acteurs ne savent pas vraiment ce qui leur arrive, où ils vont. On les a mis dans des situations que l’on avait déjà vécues, mais il y a eu des accidents, des choses que l’on n’attendait pas. Dans notre travail de plasticiens et de cinéastes, on explore souvent ce dispositif. Attendre que quelque chose se passe, qu’une réalité surgisse dans le plan, accepter d’être dépassé par elle… Nous l’avons été particulièrement ici ! Nous pouvons juste dire que nous avons vécu une vraie aventure cinématographique. »

Au sujet de Catherine Deneuve, ils racontent : « Elle a rapidement été une évidence. Nous avions un fort désir de la filmer. Catherine Deneuve est l’incarnation d’une certaine idée du cinéma, d’un cinéma qui a une histoire. Et une intelligence. On a l’impression qu’elle sait toujours être à la bonne distance. Ses choix de cinéma dessinent un esprit, une façon de penser. Elle est bien plus qu’une icône : elle est libre. Cette liberté-là, cette disponibilité, cette ouverture, nous les avons de plus en plus découvertes en travaillant avec elle. Elle aurait pu avoir peur de la mise en danger de son image, sans compter le danger physique. Mais elle a dit oui tout de suite. La présence de Catherine crée un onirisme, une présence improbable au milieu des destructions et des paysages du Sud. De fait, elle dégage de la fiction une aura qui nous fait penser à la définition qu’en donnait Walter Benjamin, celle de « l’apparition d’un lointain si proche ». »

Lors de la présentation du film au public, Khalil Joreige a déclaré : « Nous sommes très émus de présenter ce film aujourd’hui. Nous remercions Thierry Frémaux et l’équipe du Festival. Pour nous, ce film est une vraie aventure cinématographique qui, vous le verrez, devient de plus en plus intense et surprenante. Nous tenons à remercier Catherine Deneuve pour sa générosité et son audace, pour nous avoir permis de faire ce film. » Et Joana Hadjithomas de conclure : « Je dédie cette projection à ceux qui auraient voulu être avec nous : notre équipe, nos familles, nos amis qui n’ont pas pu faire le voyage à cause des derniers événements. »