Un Certain Regard : « La Fête de la Fille Morte » de Matheus Nachtergaele

Emmanuel Gond

Présenté dans la sélection Un Certain Regard et concourant également pour la Caméra d’Or, La Fête de la Fille Morte est la première réalisation de Matheus Nachtergaele, un comédien très populaire au Brésil. On a notamment pu le voir dans La Cité De Dieu de Fernando Meirelles ou encore Centro Do Brasil de Walter Salles.

« Avec La Fête de la Fille Morte, raconte-t-il, j’ai tenté de donner un portrait intime d’une communauté profondément engagée dans un culte mystique. Chaque personne du village vit son propre deuil et se trouve confrontée à des abominations, comme elle avance jour après jour vers le destin partagé par tous les hommes. Ce sont des personnes incohérentes, hébétées par la vie, qui se jettent à terre devant les lambeaux de leurs rêves représentés par la robe en haillons d’une fille morte. »

Dans la haute Amazonie, de braves gens vivent en présence d’un Saint. Sous peu, des pèlerins venus de loin vont arriver pour prier et recevoir sa bénédiction au sanctuaire de la Fille Morte, lors de la fête annuelle qui marque l’anniversaire de sa disparition. Ils vont aussi boire, manger et jouir du spectacles des Triplées de l’Espace. Le frère de la Fille Morte a de sérieux doutes quant à cette exploitation de la mémoire de sa sœur, et la réputation du Saint cache un esprit rongé par l’inquiétude…

Matheus Nachtergaele explique la thématique de son film : « J’ai toujours été touché par l’inépuisable capacité des êtres vivants à s’adapter et à se transformer pour éluder la question de la fin. En dépit de la perpétuelle menace, nous semblons tous avancer. Nous sommes des virus, des algues, des bactéries. Nous sommes des animaux et des plantes. Nous survivons, seuls ou en groupe, dans l’eau, sur terre ou dans les airs. »

Lors de la présentation de La Fête de la Fille Morte au public, la productrice Vânia Catani a déclaré : « Il y a cinq ans, j’étais présente dans cette salle et j’ai rêvé de pouvoir montrer un film ici. C’est désormais chose faite grâce à vous. » Le réalisateur Matheus Nachtergaele, entouré de sa grande équipe, a conclu : « Nous sommes fiers. Nous avons une responsabilité aujourd’hui ici. Nous représentons une grosse partie du cinéma brésilien, pas très connu, qui se risque à montrer cet énorme merveilleux et terrible pays qui est le nôtre. Il s’agit de notre première séance publique. Nous allons faire, comme chaque jour pendant le tournage, une minute de silence, puis nous allons naître. »