Un Certain Regard : « Versailles » de Pierre Schoeller

Audrey Delbru

Aujourd’hui, la sélection Un Certain Regard propose aux festivaliers la présentation de Versailles de Pierre Schoeller. Pour ce premier long-métrage également en lice pour la Caméra d’Or, le réalisateur français aborde le thème délicat de la pauvreté dans notre société actuelle.

« Le film s’ancre dans un monde de dénuement, de froid et de faim, raconte-t-il. Mais Versailles, c’est d’abord l’histoire du lien qui se noue entre un homme et un enfant. Ce qui m’intéressait le plus, c’était de montrer comment Damien, un exclu volontaire, fait preuve de forces sociales. Comme dans un conte, la bête était un prince. Quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, les misfits, les désocialisés, font partie intégrante de la société. Le corps social n’a pas de frontière. Damien, c’est l’individu naufragé qui ramène un des leurs parmi les hommes. Et si le degré d’humanité d’une société se mesurait à sa capacité à intégrer ses contraires ? »

Damien vit en effet dans une cabane près de Versailles, retranché de tout. Un jour, il rencontre Nina, une jeune femme sans attaches, accompagnée de Enzo, son fils de cinq ans. Ils passent la nuit ensemble. Mais au petit matin, Nina laisse l’enfant et disparaît. À son réveil, Damien découvre Enzo, seul. Au fil des jours, des saisons, l’homme et l’enfant vont se découvrir, s’apprivoiser, s’attacher. Leur lien sera aussi fort que leur dénuement. Un jour pourtant, il faudra quitter la cabane…

Concernant ses ambitions formelles, Pierre Schoeller explique : « Toute la difficulté était d’aborder le thème de la pauvreté, en évitant la déchéance, en développant une belle énergie. Je souhaitais aller vers la sensibilité et l’émotion, être en empathie. Il y a peu de dialogues, peu de musique. Comme dans un film muet, le récit est surtout raconté par l’image. Le film s’ouvre sur un fait de société pour développer des questions plus larges, la puissance du lien, l’ordre social, la loi. »

A l’occasion de la présentation de son film salle Debussy, Pierre Schoeller a déclaré : « Vous imaginez ma joie d’être ici. Mille fois merci pour l’invitation. Je pense que Versailles et Cannes ont des choses à se dire, j’espère. J’ai une pensée émue pour ceux qui n’ont pas pu venir comme Pierre Chevallier qui, par le CNC, m’a adressé une aide à l’écriture et qui a été le premier à montrer sa confiance en le projet. Je dédie cette première projection aux comédiens. Guillaume [Depardieu], sans toi le film n’aurait pas pu exister. Tu es magnifique. Bravo à toi Max [Baissette de Malglaive]! Judith [Chemla] tu as mis tellement de coeur et d’exigence au service de Nina, je crois qu’il n’y a pas de film sans belles rencontres. Patrick [Descamps] que vous allez découvrir pour la première fois à l’écran. Philippe Martin, merci pour l’accueil et tout le travail au sein de la société Pelléas. »