Pal Adrienn d’Agnes Kocsis : interview

Photo du film

La cinéaste Agnes Kocsis est à Cannes pour la deuxième fois. Elle était déjà là en 2006, à la fois pour un court métrage sélectionné à la Cinéfondation (The Virus) et pour son premier long métrage, Fresh Air, présenté à la Semaine de la Critique. Pal Adrienn est son deuxième long métrage. Sélectionné à Un Certain Regard, il est présenté à 11h15 Salle Debussy.

Comment avez-vous réagi quand vous avez su que votre film était sélectionné à Cannes ?
J’étais triste bien sûr (rires…). Cela dit, j’étais un peu triste de voir que j’étais la seule réalisatrice à Un Certain Regard ou en Compétition parce que je pense qu’il y a beaucoup de réalisatrices qui font des films.

Le cinéma est il machiste ?
On dirait que oui… Le métier de réalisateur apparaît encore comme un travail d’homme. Heureusement, cela  a beaucoup  changé ces dix dernières années, même en Hongrie. Dans ma classe de cinéma, il y avait par exemple 4 garçons et 3 filles.

Est-ce plus difficile pour une femme de faire des films ?
Non, je ne crois pas. Mais si vous avez des enfants en bas âge, ce qui est mon cas, c’est difficile. Mes collègues masculins, qui ont des enfants, ont plus de facilités à partir deux ou trois semaines pour écrire un scénario. Moi, je suis venue ici avec ma fille, qui aura 3 ans le jour de la première mondiale.

Que signifie Pal Adrienn ?
C’est un nom, le nom d’une femme. Pal est le nom de famille, Adrienn le prénom. Mais Pal est aussi un prénom de garçon. J’aime bien ce nom, parce qu’il est ambigu.

Pourquoi aviez-vous envie de raconter l’histoire de cette infirmière qui part à la recherche d’une amie d’enfance ?
Il y a trois niveaux dans mon film. Le premier est une quête personnelle. Dans mes films, j’aime insister sur l’intériorité des gens. Les protagonistes sont dans chaque plan, et j’essaie de représenter leurs sentiments dans la composition de l’image. Ainsi, plus on progresse dans l’histoire, plus il y a des mouvements de caméra compliqués, et plus c’est coloré. Le deuxième niveau est comment la mémoire fonctionne, sa relativité et sa subjectivité. Les gens ont souvent des souvenirs différents du même moment. Enfin, le troisième niveau est un regard sur l’obésité. La protagoniste est une infirmière obèse qui travaille aux soins palliatifs d’un hôpital. Pour moi l’obésité représente la tristesse. D’ailleurs, cela s’est confirmé au casting : la plupart des femmes qu’on a rencontrées avaient des problèmes avec la nourriture parce qu’elles étaient dépressives. Les gros sont souvent discriminés et ils sont plus sensibles aux problèmes des autres. Beaucoup de celles qui sont venus pour le casting étaient des travailleurs sociaux. Je crois que si on comprend la nature multiple de la réalité, on attache moins d’importance au regard des autres, on s’accepte mieux. C’est ce qui arrive au personnage du film.

Propos recueillis par B. de M.