Andrew Dominik, une certaine vision du capitalisme
Cinq ans après L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, long-métrage stylisé autour du célèbre gangster américain, Andrew Dominik replonge dans l’univers des malfrats. Avec Killing Them Softly, le réalisateur australien dresse une critique du système capitaliste en s’intéressant à sa « forme la plus basique« .
Dans l’univers d’Andrew Dominik, le microcosme du crime n’échappe pas à la crise. Le cinéaste australien met en scène la décadence de l’économie occulte dans Killing Them Softly, adaptation du roman de l’écrivain américain George V. Higgins Cogan’s Trade (1974). Le film, bâti esthétiquement comme un cartoon, relate les ennuis de Jackie Cogan (Brad Pitt), un caïd chargé de retrouver les auteurs du braquage d’une partie de poker.
Killing Them Softly se focalise sur le côté décoloré et ennuyeux de cette société de l’ombre où se bousculent petites frappes et commanditaires essoufflés. Le cinéaste a volontairement grossi le trait et ciselé les dialogues, qui prédominent sur l’intrigue. Andrew Dominik prend ainsi le contre-pied du rythme et du style poétique, presque mélancolique, de L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford. « Le cinéma n’est pas un médium pour raconter des histoires, mais davantage un moyen de mieux appréhender nos traumas« , affirme Andrew Dominik.
Le réalisateur livre au travers de son film une vision sans concession du rapport à l’argent de la société américaine. Pour le cinéaste, la plupart des films montrent les Américains « comme ils aimeraient être perçus« . « Le seul genre qui les montre réellement tels qu’ils sont, c’est le film criminel. Parce qu’il s’agit du seul genre où il est acceptable que tous les personnages ne pensent qu’à l’argent« , conclut Andrew Dominik.
BP
Le film sera projeté à 8h30, 14h30 et 19h30.