Carlos Diegues : « Je suis né cinéphile »

Carlos Diegues © AFP

Pionnier du Cinéma Novo au Brésil, Carlos Diegues a présenté nombre de ses films à Cannes, dont trois en Compétition Officielle (Bye Bye Brésil, Quilombo, Un train pour les étoiles). Cannes Classics lui a également rendu hommage à deux reprises, dont cette année avec Xica Da Silva (1976),  présenté dans le cadre du Pays invité. L’auteur de Orfeu est aussi venu plusieurs fois comme juré : pour les Longs métrages en 1981, et pour les Courts métrages en 2010. Il préside cette année le Jury de la Caméra d’Or, pour lequel concourent 25 premiers films. 

Comment abordez-vous votre rôle de président de Jury de la Caméra d’or ?
Je suis très content parce que c’est une opportunité de connaitre les tendances du nouveau cinéma dans le monde entier. Ce sont les jeunes cinéastes qui font les nouvelles tendances.

Qu’attendez-vous des films ?
J’ai envie d’être surpris. Le cinéma est dans une sorte de carrefour. Aujourd’hui, la technologie numérique offre beaucoup de possibilités, et tout le monde peut faire des films. On ne sait pas où on va, mais c’est un moment très riche. Il faut trouver de nouveaux chemins, de nouvelles façons de faire des films. Parmi les films que j’ai déjà vus, certains ont cet esprit, l’esprit de la nouveauté, qui fait avancer le cinéma.


Quel souvenir gardez-vous de votre premier film ?

Un souvenir inoubliable. J’avais 23 ans, mon film s’appelait Ganga Zumba, et il avait été sélectionné à la Semaine de la Critique. Il y avait, la même année (1964, ndlr), deux films brésiliens en Compétition officielle. C’était la première fois que je quittais le Brésil, et c’était pour montrer mon premier film dans le plus grand festival du monde. Ca m’a donné un espoir énorme dans l’avenir. Et j’ai fait mon deuxième film avec beaucoup d’excitation et de confiance.

Qu’est-ce qui a vous a donné envie de devenir cinéaste ?
L’amour du cinéma. J’ai toujours été cinéphile, j’allais au cinéma tous les jours ou presque. Je suis né cinéphile, et comme j’aimais beaucoup voir des films, j’ai décidé d’en faire.


Quel est votre premier souvenir de cinéma ?

La première fois que je suis allé au cinéma, j’avais 6 ans. J’ai regardé l’écran, et j’étais totalement fasciné, je suis resté sidéré, et je me disais "ne mets pas la main sur l’écran, sinon tu vas rester figé". Et je suis quand même resté figé…

Comment va le cinéma brésilien ?
On a aujourd’hui une vraie cinématographie nationale. A l’époque de Ganga Zumba, on faisait 5 ou 6 films par an. Aujourd’hui, on en fait une centaine. Et partout dans le pays, pas seulement à Rio et Sao Paulo. Il y a une diversité énorme, avec des jeunes gens qui ont beaucoup de talent.


Est-ce que ce cinéma voyage suffisamment hors des frontières ?

Assez peu. C’est un problème général de toute l’Amérique latine. On fait soit des comédies vulgaires qui ne marchent qu’au Brésil, soit des films pour les festivals qui n’intéressent pas le public local. De temps en temps, il y a des films qui font une sorte de troisième chemin comme les films de Walter Salles ou de Fernando Meirelles.

Propos recueillis par B. de M.