CANNES CLASSICS – Diego Galán raconte la femme dans le cinema espagnol

Diego Galán © DR

Diego Galán est un amoureux du septième art espagnol. A 66 ans, il s’est attelé à une étude sous plusieurs coutures du cinéma de son pays à travers plusieurs écrits et documentaires. Son dernier en date, Con la Pata Quebrada, retrace le parcours de la femme au cinéma des années 1930 à aujourd’hui. Entretien.

 

Photo du film © DR
 

Pourquoi avoir mis la femme au cœur de votre nouveau documentaire ?
Les femmes ont  changé la façon de penser des hommes, des gouvernements, de l’Eglise. Le cinéma, qu’il soit espagnol ou d’ailleurs, reflète la réalité, même à leur insu. Un film répond toujours à son époque, surtout dans un mauvais film.

Pour quoi ce titre, Con la Pata Quebrada ?
Difficile à expliquer… Le machisme en Espagne est important. On dit qu’une femme mariée et honnête doit rester chez elle avec la jambe cassée : la pata quebrada y en casa. C’est un proverbe espagnol, les jeunes ne connaissent pas cette expression.

Aujourd’hui, quelle place occupe la femme dans le cinéma espagnol ? Peu de réalisatrices sont connues hors frontières.
Les femmes sont arrivées tard au cinéma comme réalisatrices malgré quelques-unes déjà présentes dans les années 1930 à l’époque du cinéma muet. Actuellement, il y a une bonne vingtaine de réalisatrices dont de très intéressantes mais c’est plus difficile pour elles.

Qui par exemple ?
A mon avis, Iciar Bollaín. Elle a été actrice. Elle a fait plusieurs films sur les femmes dont un qui s’appelle Je te donne mes yeux qui est sur la violence des les hommes. Il y a aussi Pilar Miró qui a fait de très bons films comme Le Crime de Cuenca qui est un classique.

Des actrices comme Penélope Cruz sont plus considérées en revanche.
Oui, parce qu’elle travaille aux Etats-Unis. Et surtout parce qu’elle travaille avec Pedro Almodovar. Almodóvar, c’est le passeport pour la reconnaissance des acteurs, pour Pénelope Cruz, pour Javier Bardem…

Justement, Pedro Almodóvar s’est beaucoup intéressé aux femmes.
Il adore les femmes mais c’est une manière d’être misogyne. Il parle surtout des femmes de son village, de son éducation… D’autre part, en tant que protagoniste de la Movida, une période où les femmes jouaient un rôle important dans la société, il a raconté leur libération, comment elles faisaient l’amour librement, comment elles devenaient indépendantes, leur rébellion et leur révolution.

Quelle femme vous a marqué dans le cinéma espagnol ?
Une actrice méconnue, un peu âgée, qui s’appelle Julia Gutiérrez Caba. C’est un nom peu artistique… Elle m’a toujours touché, elle était très bonne actrice mais n’a pas joué dans beaucoup de films. Même en Espagne elle est peu connue. Mais je vais vous en citer de plus célèbres : Carmen Maura, Penélope Cruz sont aussi de très bonnes actrices.

Entretien réalisé par Tarik Khaldi

 

SÉANCE
Mardi 21 mai / Salle Buñuel / 19h45
>> Accédez à l’agenda interactif