COMPÉTITION – Jarmusch, face à face avec l’humanité

Jim Jarmusch © AFP

Figure singulière du cinéma indépendant américain, Jim Jarmusch s’offre au travers d’Only Lovers Left Alive, histoire d’amour entre deux vampires, une réflexion sur l’être humain. Comme à son habitude, le cinéaste s’est affranchi des codes de narration traditionnels.

 

S’il y a une caractéristique sur laquelle s’accordent les critiques à propos du cinéma de Jim Jarmusch, c’est bien celle de se tenir à l’écart des sentiers battus du 7e Art. Depuis ses débuts, le réalisateur américain s’est posé en farouche défenseur d’un cinéma libre de ses mouvements, évoluant visuellement et surtout financièrement en dehors des conventions et des circuits traditionnels établis par les studios hollywoodiens.

Jarmusch aime briser les codes, échapper au cadre qui régit le cinéma populaire et cette aspiration colore ses films autant que ses personnages, souvent décalés. Le natif de l’Ohio s’est toujours attaché à dépeindre, parfois avec lyrisme, toujours avec humour, des êtres singuliers ou marginaux. C’est dans cette lignée que s’inscrivent les deux principaux protagonistes d’Only Lovers Left Alive.

Adam et Eve sont deux vampires énigmatiques épris l’un de l’autre depuis des siècles. Ils regardent dépérir avec recul et mélancolie le genre humain. Presque entièrement tourné de nuit, à Détroit et à Tanger, le film narre leurs retrouvailles passionnées, mais l’intention de Jarmusch est ailleurs. La figure du vampire, être éternel, est utilisée par le cinéaste pour livrer un point de vu désenchanté de l’être humain.

 

 

Photo du film © DR

« Adam et Eve sont des métaphores de l’état actuel de la vie humaine. Ils sont fragiles et menacés, si vulnérables face aux forces de la nature et au comportement irréfléchi de ceux qui sont au pouvoir« , explique le cinéaste, qui s’est inspiré du livre de Mark Twain, La vie privée d’Adam et Eve – dont la dernière édition date de 1994 – pour bâtir l’intrigue ce long métrage qu’il désigne comme sa « Crypto-vampire love story« .

Adam et Eve sont incarnés à l’écran par Tom Hiddleston (Midnight in Paris, The Deep Blue Sea) et Tilda Swinton (We Need to Talk About Kevin, Moonrise Kigdom), que Jarmusch avait déjà dirigé pour The Limits of Control (2009) et Broken Flowers, Grand Prix en 2005. Grand amateur de rock, le cinéaste a par ailleurs accompagné son film d’une bande originale entièrement composée par des groupes de Detroit.

 

Benoit Pavan

 

SÉANCES
Samedi 25 mai / Grand Théâtre Lumière / 14h00 – 22h00.

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