COMPETITION – Tian Zhu Ding, l’envers du miracle chinois

Equipe du film © AFP

Jia Zhang-Ke livre un portrait de la Chine contemporaine, à travers quatre portraits entremêlés : quatre personnages aux quatre coins de la Chine, confrontés aux inégalités croissantes et à des aspirations nouvelles de démocratie et de liberté.

 

 

Un mineur exaspéré par la corruption, un homme contraint à migrer dans une autre région pour trouver du travail, une hôtesse d’accueil harcelée par un client, un ouvrier qui travaille dans des conditions de plus en plus dégradantes. Ils ne se connaissent pas, mais ils sont tous les quatre à bout et vont commettre l’irréparable.

Tian Zhu Ding (A Touch of Sin)
est inspiré de quatre faits-divers extrêmement violents, ce que les Chinois appellent les tufa shijian ("incidents soudains"), qui défraient régulièrement la chronique. Fidèle à ses habitudes, Jia Zhang-Ke a travaillé dans un mélange de fiction et documentaire. Il a d’abord enquêté sur les faits eux-mêmes, s’est rendu sur les lieux, a interrogé des gens. Il a aussi travaillé avec plusieurs acteurs non professionnels, et capté, au tournage, la réalité des conditions de vie des Chinois, dans les zones rurales comme dans les métropoles où sont installées les firmes internationales.
 

Photo du film © DR

 

Pour construire les personnages et la narration, Jia Zhang-Ke s’est inspiré de la tradition du roman historique chinois, des opéras classiques et des films d’art martiaux (wuxia pan), dont l’un des thèmes récurrents est la lutte de l’individu contre l’oppression. Le titre anglais (A Touch of Sin) est d’ailleurs un hommage au film taiwanais A Touch of Zen de King Hu, présenté à Cannes en 1975.

Depuis Xiao Wu, artisan pickpocket, Jia Zhang-Ke explore l’envers du miracle chinois : la ville engloutie sous le barrage des trois gorges (Still Life), une cité ouvrière détruite au profit d’un complexe d’appartements de luxe (24 City), les transformations de Shangai (I wish I knew)… Tian Zhu Ding marque toutefois une nouvelle étape dans sa filmographie : le regard désenchanté devient plus âpre, plus dur, plus frontal. Et c’est une violence extrêmement sauvage qu’il nous donne à voir.

 

Béatrice de Mondenard

SÉANCES
Vendredi 17 mai / Grand Théâtre Lumière / 12h – 22h30
Samedi 18 mai / Salle du Soixantième / 22h30


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