RENDEZ-VOUS UN CERTAIN REGARD – Katrin Gebbe, in the mood for Nan Goldin

Katrin Gebbe © FDC / LOB

La jeune réalisatrice allemande, Katrin Gebbe, concourt pour la Caméra d’or avec Tore Tanzt (Nothing bad can happen) : un face à face entre le jeune Tore qui appartient au mouvement punk chrétien des Jesus FreakS et Benno, un homme qui a envie de mettre à mal les convictions de ce dernier.
 

Quelle a été la genèse de votre film ?
Tore Tanzt est inspiré d’un fait divers que j’ai lu dans les médias. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai été saisie par cette histoire. En raison de sa brutalité sans doute, des images poétiques me sont immédiatement venues à l’esprit. Je sentais qu’il y avait matière pour une grande histoire, mais l’écriture du scénario a pris du temps. Au début, cela ressemblait à un projet de recherche scientifique sur la culpabilité et l’évolution des relations humaines. Je me suis intéressée aux formes d’esclavage moderne, au bondage, à la dépendance. Mais mon de vue a changé quand j’ai commencé à réfléchir au bien et au mal, à l’amour, aux idéaux. Tous les autres personnages m’ont poussée à me poser ces questions. Et si Tore n’était pas qu’une victime ?

Un souvenir, une anecdote de plateau ?

Le scénario commence au printemps et finit à la fin de l’automne. Or, nous avons tourné en mai/juin, et pour les besoins du jeu des acteurs, nous voulions tourner dans l’ordre chronologique. La météo est très importante dans le scénario, mais nous n’avions pas le budget pour les effets spéciaux, et j’étais sur le point d’abandonner l’idée. Mais, au début du tournage, il s’est passé quelque chose d’extraordinaire : l’été est arrivé à Hambourg en mai. Le mois de juin a été pluvieux et maussade. Nous voulions un orage pour une des séquences. Je me démenais pour obtenir une machine à vent avec nos faibles moyens. Et alors que cette petite chose de rien du tout trônait enfin là, devant le bungalow, un orage s’est abattu sur Hambourg.
 

Quel cinéma vous influence ?
Si je repense à mon enfance, ce sont les contes de fées qui m’ont marquée : La Belle et la Bête et L’Histoire sans fin. Ensuite, je me souviens de films comme Orange Mécanique et Lost Highway qui m’ont ouvert les yeux pour la première fois. Mais je ne pensais pas alors devenir réalisatrice. Quelques années plus tard, je suis entrée aux Beaux-arts, je me suis inscrite à un cours de cinéma et j’y ai vu Salò ou les 120 Journées de Sodome de Pasolini. Le film m’a bouleversée et j’ai ressenti une angoisse terrible. C’est à ce moment-là, je crois, que je me suis vraiment intéressée à la réalisation. Par la suite, j’ai suivi le travail de Haneke, du Dogme… L’anti-esthétique, les âmes perdues, les tragédies, c’est ce qui m’intéresse le plus. Je retrouve aussi cela dans l’art contemporain, la photographie et la littérature… Par exemple, j’adore l’œuvre de Nan Goldin et lorsque j’ai écrit Tore Tanzt, j’ai utilisé certaines de ses photographies pour me mettre dans l’ambiance.

 

 

SÉANCES

Jeudi 23 mai / Salle Debussy/ 16h30

Samedi 25 mai / Salle Debussy/ 16h30

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