SÉANCE DE MINUIT – Monsoon Shootout, tirer ou s’abstenir

Amit Kumar © FDC / FL

En 2003, Amit Kumar livrait avec The Bypass, court-métrage réalisé dans la foulée de ses études de cinéma, un point de vue sans concession sur la violence armée et la corruption qui gangrène la société indienne. Le cinéaste approfondit de nouveau cette thématique dans son premier long-métrage, Monsoon Shootout, où il est question de morale et d’indécision. Le film concourt pour la Caméra d’or.

 

Photo du Film © DR

 

Appuyer sur la gachette ou s’abstenir. Tirer ou ne pas tirer. L’abattre ou le laisser fuir. Sur le visage tétanisé d’hésitations d’Adi, jeune policier fraîchement affecté à son premier poste, se confondent les goutes de sueur et de la mousson qui s’abat cette nuit-là sur Bombay. C’est dans les bas-fonds de la capitale économique indienne qu’Adi a fait ses gammes et que sa hiérarchie l’a envoyé pour effectuer sa toute première mission. Face à lui, il y a Shiva, l’un des malfrats les plus recherchés de la ville. Le policier le tient en joue, conscient qu’il tient la vie du gangster entre ses mains. Adi sait que son choix aura un prix.

Rendre compte au cinéma de ces instants où, d’une seconde à l’autre, une existence toute entière peut basculer, de ces moments où le temps paraît comme se figer face à la morale. Cette idée a longtemps hanté les pensées d’Amit Kumar. Au point que le cinéaste indien de 43 ans, qui fut marqué par la projection de La Rivière du Hibou (Robert Enrico, 1962), court-métrage abordant la fragilité de ces situations, en a fait le cœur de son tout premier long-métrage, Monsoon Shootout.

Amit Kumar prolonge donc le raisonnement entamé dans The Bypass sur le terrain de la morale. « Où est la morale que nous autres animaux civilisés sommes censés porter en nous ? Existe-t-elle, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, dans l’esprit des plus grands tueurs ?« , s’interroge le réalisateur, ajoutant être lui-même souvent en proie à l’indécision. Élément de réponse ce soir, dans le Grand Théâtre Lumière.

 

Benoit Pavan

 

SÉANCES
Samedi 18 mai / Grand Théâtre Lumière / 00h30.


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