RENDEZ-VOUS UN CERTAIN REGARD – Hermosa Juventud de Jaime Rosales

Équipe du film © FDC / MP

Jaime Rosales est pour la seconde fois en Sélection Officielle avec un cinquième long métrage. Le réalisateur espagnol revient au Certain Regard sept ans après La Soledad avec Hermosa Juventud, l’histoire d’un jeune couple actuel dans l’Espagne en crise. Interview.

 

Racontez-nous comment vous est venue l’idée du film.

Juste après la sortie de mon précédent film, j’ai commencé à envisager un changement dans ma carrière cinématographique. Depuis mon premier film, j’avais travaillé avec la même équipe, tourné et réfléchi de la même manière. Je voulais faire un film sur la jeune génération espagnole avec des jeunes. J’ai commencé à interviewer des teenagers dans des parcs et dans la rue. Ils m’ont raconté leurs histoires, leur vision du monde, comment ils imaginent leur futur. Ce film est le résultat de cette étude et de cette collaboration.

 

Photo du film © DR

 

Avez-vous un souvenir particulier ou une anecdote du tournage?

Le travail avec l’équipe de tournage et les acteurs, en particulier avec Ingrid García-Jonsson, l’actrice principale du film. Je me rappelle de l’impression qu’elle m’a faite le jour de son casting. Elle était tellement naturelle et sûre d’elle. Jamais je n’avais casté ou vu quelqu’un d’aussi naturellement doué qu’elle auparavant. Pendant le tournage, travailler avec elle n’était pourtant pas de tout repos. Elle est très exigeante. Elle ne se contente pas de suivre des consignes. Elle a une intelligence incroyable. Elle a besoin de prendre le contrôle du personnage et de la composante dramatique de la scène. Elle a besoin de savoir pourquoi le personnage fait telle ou telle chose. Elle est à la fois intuitive et naïve. Sa méthode est un mélange très inhabituel de conscience et d’inconscience. Elle peut se montrer très difficile à diriger. Très imprévisible. On s’est pas mal disputé. Je voulais tirer le meilleur d’elle et elle a travaillé dur. Maintenant que le film est achevé, je pense que ce film c’est Ingrid. Elle seule. Je pourrais regarder ses scènes en boucle.

 

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet?

Je ne sais pas encore. J’ai quelques idées. J’ai des personnages et des histoires en tête. Généralement j’ai besoin d’un peu de temps pour faire le choix de l’histoire et du personnage pour mon film. C’est comme une longue course. Pendant une longue période, un an ou plus, je laisse se développer de nombreuses idées et personnages différents pour des films. Le temps passe et certains me quittent. Je Ies abandonne ou ce sont eux qui m’abandonnent. D’autres restent avec moi longtemps. Je finis par utiliser ceux qui sont restés avec moi le plus longtemps.

 

Quel est le cinéma qui vous a le plus influencé ?

Mon influence principale est le cinéma moderne : le néoréalisme italien, la nouvelle vague, les cinémas russe et japonais. L’œuvre de Bresson. J’apprécie énormément Bresson. Ken Loach et les frères Dardenne sont importants pour moi aussi.

 

Quelle question souhaiteriez-vous poser au réalisateur de votre choix ?

Quand j’étais résident de la Cinéfondation du Festival de Cannes, il y a dix ans, Georges Goldenstern m’a posé la même question. J’avais répondu : « J’aimerais rencontrer Jean-Luc Godard« . Il m’a répondu : « Oh… désolé… c’est impossible. Godard est impossible« . Son nouveau film est en compétition au Festival cette année. Peut-être sera-t-il là. Peut-être que je serai plus chanceux cette fois et je pourrai le rencontrer.

 

Charlotte Pavard

 

 

 

SÉANCES


Dimanche 18 mai / Salle Debussy / 14h – 22h
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