RENDEZ-VOUS UN CERTAIN REGARD – Snow in Paradise de Andrew Hulme

Équipe du film © FDC / CD

Snow In Paradise est le premier long métrage du cinéaste britannique Andrew Hulme. Le scénario du film est inspiré d’une histoire vraie : celle de Martin Askew, un petit délinquant qui a grandi à Londres dans le milieu du crime organisé de l’Est End.

 

Photo du film © 2014 Snow in Paradise UK ltd / James Taylor-Meme

 

Racontez-nous comment vous est venue l’idée du film.

J’ai rencontré Martin Askew (mon coscénariste) dans un club de courts-métrages que nous fréquentions tous les deux. Nous nous sommes vite aperçus que l’histoire de sa vie était plus intéressante que tout ce que nous pouvions écrire. Sa transformation de petit délinquant en musulman converti nous a servi de point de départ pour notre script. Bien sûr, nous avons dramatisé certaines parties mais cela reste dans l’ensemble une histoire vraie. A l’époque, je travaillais en tant que monteur pour Christine Alderson, une productrice. Elle s’est montrée très intéressée par l’histoire et nous a poussés à terminer une première version. A ce moment-là, nous avons essayé de trouver des investisseurs au Royaume-Uni mais nous n’avons rencontré qu’indifférence et manque d’intérêt. C’était assez déprimant de se rendre compte que nous avions une histoire, importante à nos yeux, mais que personne d’autre ne voulait la raconter. 

 

Comment avez-vous réussi à financer la réalisation de ce film ?

J’ai créé une bande-annonce en utilisant des images de films réalisés par d’autres personnes pour raconter notre histoire. Je sais, c’est gonflé, mais le but recherché était de montrer à tout le monde comment allait se dérouler l’histoire. Ça a très bien fonctionné et tout d’un coup, nous étions acceptés au CineMart du Festival international du film de Rotterdam. Pour la première fois depuis que nous essayions de vendre le projet, nous avons ressenti beaucoup d’intérêt de la part d’autres pays européens, en particulier la France et l’Allemagne. C’était très encourageant et je tiens à remercier Jacobine Van Der Vloed de nous avoir soutenus. C’est au CineMart que nous avons trouvé la plupart de nos partenaires. La bande-annonce nous a aussi aidés à peaufiner le scénario. Le film devenait plus un thriller qu’un drame, il était plus ouvert et combinait à la fois le cinéma d’Art et Essai et le succès commercial. Mais 500 000 livres sterling n’allait pas suffire à réaliser le film. Enfin, c’est ce qu’on m’a dit. Pour moi, l’histoire était tellement importante que j’aurais tourné le film sur mon téléphone portable, pour un billet de 5. J’étais sûr que ça allait marcher mais il fallait que je trouve une approche différente.

 

Quelle était l’idée que vous aviez en tête quand vous avez commencé à travailler sur ce projet ?

Je voulais que le film soit unique et ne ressemble à aucun autre, y compris pour le casting. Le film est centré sur un seul personnage qui est présent dans chacune des scènes. J’ai rencontré beaucoup de jeunes acteurs pleins d’espoir, mais aucun ne correspondait à ce que je cherchais. Je voulais quelqu’un d’authentique mais avec un look bien particulier. Nous avions lancé des recherches et nous avons repéré un type de mauvaise humeur qui fumait une clope. Frederick Schmidt venait juste de se disputer avec son chef et s’est révélé être une très bonne découverte. C’était la première fois qu’il jouait dans un film mais son attitude et son ouverture d’esprit l’ont aidé à aborder les leçons avec beaucoup de succès. Donner à Martin le rôle d’antagoniste dans le film était aussi une idée de génie. Il connaissait par cœur le monde et les personnages que nous voulions créer. Fred et lui se sont transformés pour devenir ces deux grands rivaux dans le film. Je vois des visages plus charismatiques au supermarché du coin que sur la plupart des fiches de casting, donc j’ai utilisé beaucoup de gens qui n’étaient pas des acteurs parce qu’ils convenaient aux rôles. Heureusement, certains savaient aussi jouer !

 

Parlez-nous de votre l’équipe de votre film…

J’ai choisi un directeur photo génial, Mark Wolf, qui n’a pas eu l’air particulièrement perturbé par le planning de travail pourtant très serré. J’ai demandé un coup de main à ma compagne Alex, qui est directrice artistique et à sa meilleure amie Sophia, une décoratrice. J’ai trouvé une équipe qui a crû à l’histoire et nous sommes partis pour 20 jours de tournage. 4 scènes par jour ! Tout le monde disait que nous étions fous, que le planning était pire que pour de la télévision. « Follement ambitieux et stupidement budgété », selon Ness, notre producteur exécutif. Je crois qu’à ce moment-là j’effrayais un peu tout le monde. Nous naviguions à l’aveugle et personne n’était dans sa zone de confort. Mais pour moi, faire un film c’est d’abord prendre des risques. Rien n’a jamais été accompli en étant timide. Heureusement, nous n’avons pas rencontré de problèmes majeurs et je serai éternellement reconnaissant à tous ceux qui nous ont aidés à transformer ce qui aurait pu être un cauchemar en une superbe expérience créative.

 

Avez-vous un souvenir particulier ou une anecdote du tournage? 

Une armée de figurants qui entre dans un « club de jazz » pour écouter de la bonne musique et qui découvre que c’est une soirée d’impro. Vous auriez dû voir leur tête quand ils se sont rendu compte qu’ils allaient devoir passer la journée à écouter un saxophoniste tousser dans son instrument ! Les pauvres.

 

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?

J’ai 20 ans de carnets de notes avec lesquels je me bats pour essayer de déterminer laquelle de mes vieilles idées vaut la peine d’être ressuscitée. 

 

Quel est le cinéma qui vous a le plus influencé ?

Quand j’étais ado, je regardais des films comme Stalker et Eraserhead au Midland Group de Nottingham, et je me rappelle m’être demandé comment quiconque pouvait avoir assez d’imagination pour réaliser ces films. Je regardais aussi, des heures durant, du cinéma expérimental comme celui de Stan Brakhage. Ça me donnait l’impression d’avoir pris de la drogue. Je me souviens aussi avoir pensé que l’art avait sa place dans le cinéma. C’est toujours le cas aujourd’hui.

 

 

SÉANCES

Mercredi 21 mai / Salle Debussy / 14h – 22h30
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