UN CERTAIN REGARD – Alias Maria, rendez-vous avec José Luis Rugeles Gracia

Équipe du film © FDC / M. Petit

Avec Alias Maria, le réalisateur colombien relate l’histoire de María, petite soldate de la guerilla aux prises avec des problématiques qui ne sont pas de son âge. Une vision de la terrible réalité du conflit armé en Colombie.

 

Racontez-nous la genèse de votre film

En 2010, Diego Vivanco, le scénariste de mon premier film, García, m’a montré une première version de l’histoire que j’ai adorée. Nous avons immédiatement commencé nos recherches et cela a pris environ trois ans. Nous avons interviewé de nombreux guerilleros et avons réalisé que notre histoire était celle de nombreuses filles colombiennes. Dès ce moment, nous avons essayé de tendre vers l’émotion et l’intimité.

 

Alias Maria © DR

 

L’atmosphère du tournage ? Une anecdote de plateau ?

Les enfants qui ont joué dans le film ont été choisis suite à un casting important mené dans une région où règne la violence, il a fallu que nous soyons attentifs lors du mélange avec les vrais acteurs. Pour moi, il était important qu’ils aient une approche intuitive de leur rôle et qu’ils ne l’apprennent pas par cœur. Je ne leur ai donc pas donné le script et nous avons tout tourné comme cela, leur décrivant la scène sur l’instant afin d’obtenir un résultat réaliste. Chacun a ainsi réécrit le script à sa façon. Nous avons tourné au cœur de la jungle entourés de magnifiques paysages mais nous devions faire 1h30 de marche tous les jours pour rejoindre les lieux de tournage et acheminer la nourriture et les boissons pour toute l’équipe. Ces cinq semaines, nous avons utilisé tous les types de moyens de transport, du canoë au cheval en passant par la moto ou le bus ‘chiva’. L’équipe était ainsi en ‘mode guerillero’ avec une routine guerrière et des difficultés pour rejoindre un point à un autre. Ce fut un atout pour tendre vers le réalisme que nous recherchions. Nous avons de nombreuses anecdotes mais un événement est tristement lié à la réalité que nous essayions de transmettre. A la fin du tournage, Anderson, l’un de nos acteurs principaux, fut détenu par l’armée pour un service militaire obligatoire, sans tenir compte du fait que c’était encore un enfant, sur le point de terminer le lycée.

 

Quelques mots sur vos interprètes ?

Karen, le personnage principal, est une jeune fille très talentueuse. Ce fut un vrai plaisir de travailler avec une personne si sensible, toujours à l’écoute. Elle est prête pour n’importe quel rôle. Anderson cache une force silencieuse qui transmet des sentiments et de la force. La beauté de son visage le rend puissant à l’écran. Erick est un petit enfant infiniment intelligent, un enfant agité qui transmet une sensation de tendresse et de vulnérabilité. Carlos est un grand acteur, un grand ami et une belle découverte. Sa générosité a beaucoup influencé les autres enfants, surtout les non-acteurs, il a agi comme une sorte de guide et de mentor vis-à-vis d’eux.

 

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?

C’est l’histoire jamais racontée du plus grand chanteur colombien, un Dieu africain qui a vendu des millions de disques. Un génie qui vit un drame, et dont la vie est un mélange de frénésie, de drogues, de déceptions et de maladie.

 

 

SÉANCES

Mardi 19 mai / Salle Debussy / 11h

Vendredi 22 mai / Salle Debussy / 14h

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