UN CERTAIN REGARD – Chauthi Koot, rendez-vous avec Gurvinder Singh

Gurvinder Singh © FDC / T. Delange

Improvisation et imprévu. C’est ainsi que se définit le cinéma de Gurvinder Singh. Dans Chauthi Koot (La Quatrième voie), il explore la région du Pendjab à la suite de l’assassinat d’Indira Gandhi, ancienne Premier ministre, dans les années 1980. Dans ce décor, entre violence de l’armée et oppression des indépendantistes sikhs, deux récits, deux trajectoires se mêlent.

 

Photo du film © DR

 

Comment avez-vous imaginé votre film ?
J’ai commencé par écrire un scénario basé sur deux nouvelles pendjabi. Au même moment, j’ai voyagé au Pendjab avec mes assistants, en repérage pour le film. Nous avons visité de nombreuses maisons à la campagne et avons trouvé celle qu’il fallait, sachant qu’elle est le personnage principal du film. C’est important pour moi d’avoir une idée concrète du lieu pendant que j’écris le scénario. Cela me permet d’avoir plus d’imagination pour la mise en scène. Ça suggère également une juxtaposition d’images et de sons.

Comment avez-vous travaillé sur ce film ?
L’atmosphère était très détendue, très calme. La lumière devait être le premier élément à traduire les sensations que nous voulions mettre à l’écran, il fallait tourner à la bonne saison. Nous avons tourné Chauthi Koot durant la mousson et l’hiver. La mousson a apporté son lot d’inattendu au tournage. Un jour, soudainement, l’orage a éclaté, il a plu pendant plusieurs jours. Le lieu de tournage était inondé et difficile d’accès. Nous ne nous sommes cependant pas arrêtés et avons utilisé tous ces éléments, la pluie, l’orage, les inondations, dans le film. Je suis à la recherche de cette part d’aléatoire qui rapproche davantage le film de la vie réelle.

Quelques mots sur vos acteurs ?
Dans Chauthi Koot, la majorité des acteurs ne sont pas professionnels. C’est important pour moi de travailler avec des acteurs originaires du lieu où nous tournons. Improviser avec eux est alors plus facile, ils apportent une particularité vis à vis de leur langage, de leurs gestes et expressions. J’ai abandonné l’idée de caractérisation basée sur la psychologie, le comportement ou le passé. Je ne répète même pas avec mes acteurs. Une fois que j’estime avoir trouvé les visages, je mets les acteurs sur le feu et leur demande de réagir. A chaque fois, je suis agréablement surpris.

Quels courants, quels artistes vous inspirent ?
Dans la musique indienne nous avons des gharanas : un système qui lie les musiciens selon la lignée, leur apprentissage ou adhérence à un style musical. J’ai le sentiment d’appartenir au gharana de Ritwik Ghatak et Mani Kaul, les deux réalisateurs dont je me suis le plus imprégné. Mani Kaul m’a fait réaliser que ce que je percevais comme mes défauts était en réalité mes forces. Il m’a rapproché de moi-même. J’ai de nombreuses autres influences, de Robert Bresson à Abbas Kiarostami.

Travaillez-vous actuellement sur un projet ?
Mon prochain film parlera du monde culturel subalterne dans le Punjab, ses ambitions, ses rêves, mais sur un mode humoristique et fantastique. Ce monde sera exploré à travers les yeux d’un chanteur de qawwali amateur.



SÉANCE


Vendredi 15 mai / Salle Debussy / 16h30
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