UN CERTAIN REGARD – Je suis un soldat, rendez-vous avec Laurent Larivière

Équipe du film © FDC / M. Petit

C’est une première à Cannes pour le réalisateur Laurent Larivière qui concourt cette année pour la Caméra d’or. Habitué des courts-métrages, Je suis un soldat est son premier long. Il réunit devant sa caméra Jean-Hugues Anglade et Louise Bourgoin, dans une chronique sur la recherche d’identité et la place que l’on peut occuper dans le monde. Le réalisateur nous parle de ses influences et de son tournage.

 

Photo du film © DR

Racontez-nous la genèse de votre film.
Au départ, je voulais parler de honte sociale. Qu’est-ce que cela signifie d’avoir 30 ans et de devoir retourner vivre chez sa mère parce que l’on n’a pas réussi à inventer sa vie ailleurs ? Cela me semblait être une question de cinéma…Puis, il m’est venu l’idée du chenil où Sandrine devrait faire ses preuves, éprouver le réel à travers un travail difficile. Elle n’a pas de place réelle ni dans sa famille, ni dans le monde. Elle ne peut pas accéder à son propre désir, elle répond sans cesse à ceux des autres. Je suis un soldat montre sa petite révolution, son accession à son identité.Le scénario puis le film se sont construits par strates ; d’une question large, sociale, nous sommes arrivés à une question intime qui je l’espère, contient la première.

L’atmosphère du tournage ? Une anecdote de plateau ?

Les contraintes du tournage m’ont amené à réaliser les scènes de la maison familiale les premiers jours. Si bien que les plans où Henri s’effondre à cause du bannissement qu’il subit ont été tournés le 4ème jour. Ce fut extrêmement périlleux mais cela s’est avéré très bénéfique pour le film. Jean-Hugues Anglade nous a donné trois prises magnifiques où l’on perçoit toute la fragilité d’Henri. C’est la première fois du film qu’il se livre autant, comme s’il découvrait l’altérité. La force de la proposition de Jean-Hugues nous a tous laissé dans un silence suspendu.

Quelques mots sur vos interprètes ?

Avec mon co-scénariste, François Decodts, nous avons écrit le rôle de Sandrine pour Louise Bourgoin. J’ai très vite senti qu’elle avait la puissance requise pour le rôle. C’est très émouvant de voir quelqu’un possédait une vérité que vous reconnaissez comme intime sur un personnage que vous avez créé. Je suis très fier de son engagement et de son parcours dans le film.Jean-Hugues Anglade est un très grand acteur. Je le savais en tant que spectateur, je l’ai éprouvé en tant que réalisateur. Le résultat est au-delà de mes espérances. Je voudrais aussi parler d’Anne Benoît qui joue la mère de Sandrine, pour la richesse de sa composition. Femme déçue, mère aimante, sœur aveuglée, louve protectrice et ambiguë… Je l’aime beaucoup. Tout comme Laurent Capelutto qui incarne en quelques scènes un vétérinaire véreux, potentiel amoureux de Sandrine. Et bien sûr Nina Meurisse pour la joie mêlée de frustration de son personnage, de Nathanaël Maïni qui incarne un Tony combattif mais à bout de force…

Vos sources d’influence ?

En général, Luc et Jean-Pierre Dardenne, Léos Carax et James Gray. Il y a aussi Arnaud Desplechin, même si ça ne se retrouve pas forcément dans mon cinéma. Et surtout, pour ce film, j’ai été influencé par le Roman inachevé de Louis Aragon


SÉANCES

Mercredi 20 mai / Salle Debussy / 14h-22h
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