UN CERTAIN REGARD – Mu-Roe-Han (The Shameless), rendez-vous avec Oh Seung-Uk

Équipe du film © AFP / B. Langlois

Pour sa première sélection cannoise, Oh Seung-uk s’est offert l’une des plus talentueuses actrices coréennes. Jeon Do-yeon, membre du Jury des Longs Métrages l’an dernier, est à l’affiche de Mu-Roe-Han (The Shameless), l’histoire d’un détective qui tombe amoureux de la femme d’un criminel.

 

Photo du film © DR

Comment l’idée de ce film vous est-elle venue ?
Je voulais écrire un film sur un personnage dur et grossier qui aurait été un poids lourd s’il était né à l’époque des conquêtes de l’Ouest américain. Ces hommes ont peur des femmes ou se sentent coupables vis-à-vis d’elles et essaient de le cacher. The Shameless est parti d’une hypothèse : que se passerait-il si un tel homme, rude et perdu, rencontrait une femme désespérée ?

Comment avez-vous travaillé sur ce film ? Des anecdotes de tournage ?
Je ne me souviens pas de quelque chose en particulier. J’ai construit l’histoire dès le début du scénario et eu des idées pendant le repérage avec le chef décorateur. Cette manière de faire définit le ton et l’émotion du film. L’autre partie revient aux acteurs. Ils devaient comprendre l’intrigue et se l’approprier. Heureusement, Kim Nam-gil et Jeon Do-yeon ont parfaitement rempli leur mission. Il ne me restait plus qu’à les complimenter.

Quelques mots sur vos acteurs justement ?
L’actrice principale, Jeon Do-yeon (Kim Hye-kyung), devait résister face au personnage froid et mauvais qui lui faisait face à chaque scène. En plus, j’ai réalisé des films violents dans lesquels il y avait exclusivement des personnages féminins. Mais dans ce film, l’atmosphère est très masculine. Jeon a déchaîné son extraordinaire talent.

De nombreuses personnes qui n’ont pas compris le scénario ont regretté que Jung Jae-gon, interprété par Kim Nam-gil, ne soit pas plus fort et viril. Cependant, avec Kim Nam-gil, nous voulions que Jung Jae-gon soit surtout un homme vidé, épuisé. Kim ne s’est pas laissé aller aux différents commentaires. Il a montré un jeu délicat, un jeu dont nous avions besoin pour le film. Une anecdote intéressante : Kim a subi une forte fièvre pendant le tournage de la scène finale, comme s’il était puni à la place de son personnage qui a blessé une femme innocente.

 

A quoi ressemble le cinéma dans votre pays d’origine ?
L’industrie cinématographique est désormais aux mains des investisseurs. Il n’y a pas grand-chose à dire à ce sujet.

Quels artistes vous ont inspiré dans votre travail ?
Je suis fan de Jean-Pierre Melville. Son film Un flic, l’histoire d’un détective qui assiste aux funérailles de chaque criminel mort, m’a inspiré sur l’exploration de la relation entre un détective (Alain Delon) et la femme d’un criminel (Catherine Deneuve). Le Troisième homme m’a inspiré la séparation de deux personnages. Des personnages complexes et durs comme John Wayne dans La Prisonnière du désert de John Ford, Wang Wu dans The Assassin de Jang Chul, et Kim Jun-pyung du livre Blood and Bones m’ont également inspiré.

Travaillez-vous sur un projet ?
J’écris un scénario sur des soldats américains contre des malfaiteurs qui essaient de voler de l’essence à Ascome City, où se trouvait la plus grande base d’approvisionnement en Asie, deux ans après la guerre de Corée.

 


SÉANCE


Vendredi 15 mai / Salle Debussy / 22h00
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