UN CERTAIN REGARD – Nahid, rendez-vous avec Ida Panahandeh

Équipe du film © FDC / T. Leibreich

Le cinéma iranien fait place à une nouvelle génération de cinéastes avec Ida Panahandeh. Après dix ans de télévision, courts métrages et documentaires, la jeune réalisatrice signe un premier long métrage, Nahid, l’histoire d’une mère célibataire qui va devoir lutter contre les préjugés de la société pour vivre son nouvel amour au grand jour.

 

 

Photo du film © Habib Majidi

Comment vous est venue l’idée de ce film ?
Pendant des années, chaque fois que nous écrivions avec mon coauteur, Arsalan Amiri, une jeune femme faisait irruption dans nos têtes, avec son fils indiscipliné, et voulait nous forcer à l’inclure dans nos histoires. L’histoire ne prenait jamais forme comme on le voulait alors on abandonnait, mais on a fini par lui dédier sa propre histoire. Lui et moi avons tous deux été élevés en l’absence de nos pères et nous avons assisté aux combats de nos mères pour se faire respecter en tant que femmes indépendantes dans la société iranienne traditionnelle.

Comment avez-vous travaillé ? Une anecdote de tournage ?
Dès le début de l’écriture, j’ai su que l’automne serait la meilleure saison pour raconter mon histoire. Les nuages et la grisaille en ville reflèteraient bien la nature profonde de mon héroïne et des autres personnages et enrichiraient l’atmosphère du film. Il fallait être vigilant aux couleurs des costumes, utiliser des tons froids ou neutres pour accentuer l’effet du rouge comme un élément symbolique.

Parlez-nous de vos acteurs
Sareh Bayat (Nahid) est une brillante actrice qui est connue pour son rôle dans Une Séparation d’Ashgar Farhadi, mais je ne voulais pas qu’elle soit associée à la femme opprimée qu’elle joue dans ce film. Je n’arrêtais pas de lui dire “Tu dois être une louve, Sareh ! Attaque !”  Sareh est une actrice sensible qui peut véhiculer des émotions sans même prononcer un mot.

 

Pejman Bazeghi (Masoud) est un acteur mature, expérimenté. Pendant le tournage, j’enviais son intelligence et son ingéniosité. Il comprenait mes idées et mes suggestions rapidement et les appliquait immédiatement. Il avait une bonne connexion émotionnelle avec les autres acteurs.

A quoi ressemble le cinéma dans votre pays d’origine ?
Au Moyen Orient, l’Iran est le seul pays à exporter son cinéma à travers le monde. Kiarostami, Farhadi, Banietemad et tant d’autres ont joué un rôle important dans la diffusion de notre culture. Nous ne sommes pas capables de faire des films aussi facilement qu’en Europe ou en Amérique, nous n’avons pas leurs budgets. Nos mains liées nous empêchent de représenter nos rêves.

Quels artistes, quels cinéastes vous inspirent ?
Pour chacun de mes films, ma plus grande inspiration est la vie elle-même. Il y a aussi quelque chose sans laquelle ma vie n’aurait pas de sens : la littérature. J’ai vu les films de  Tarkovsky, Bergman, Kiarostami, Ayyari, Ozu, Mizoguchi, Kurosawa, Billy Wilder, Jane Campion, Kubrick et Coppola plusieurs fois.

Avez-vous des projets en cours ?
Le scénario sur lequel je travaille parle d’amour et de deux femmes, de deux générations différentes. L’une d’elle doit céder au bénéfice de l’autre. Il s’agit davantage d’un film psychologique que social.

 


SÉANCES


Samedi 16 mai / Salle Debussy / 11h00 – 16h30
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