Me’ever Laharim Vehagvaot, rendez-vous avec Eran Kolirin

Photo du film Me'Ever Laharim Vehagvaot (Beyond The Mountains And Hills) © July August Productions

Troisième film du réalisateur isaélien Eran Kolirin, Me’ever Laharim Vehagvaot (Beyond The Mountains And Hills) raconte le retour difficile à la vie normale d’un soldat israélien démobilisé après 27 ans de service dans l’armée.

Racontez-nous la genèse de votre film…

Aussi étrange cela puisse paraître, le film m'est apparu lors de ma tentative d'adapter à l'écran l'histoire biblique du Roi David et de Bath Schéba. Avec le recul, je ne constate plus aucun lien entre les deux films, sauf peut-être le prénom du personnage principal.

L’atmosphère du tournage ?

Ce que j'ai aimé au travers de ce film, c'est que j'ai abandonné ma méthode de travail  habituelle. Pour la première fois, j'ai appréhendé la réalisation en pointant ce qui me paraissait aller dans le bon sens, sans avoir recourt à aucune notion préconçue. Je pense que cette démarche a contribué à l'atmosphère chaleureuse et ouverte qu'il y avait sur le tournage.

Quelques mots sur vos interprètes ?

Alon Pdut, qui interprète David, a joué dans le premier téléfilm que j'ai dirigé. Je pense  qu'il personifie dans son jeu une sorte de contradiction très particulière, entre brutalité et fragilité. Ses émotions sont toujours visibles, un peu comme le sont celles d'un enfant, et j'adore ça. Il joue le rôle d'un homme avec le coeur d'un petit garçon.
Shiree Nadav, qui joue Rina, est une actrice magique, très délicate et subtile, toujours focalisée sur la plus petite des nuances de son jeu. Je pense que ce rôle aurait tourné au cliché avec pas mal d'autres actrices. Mais elle l'a rendu merveilleusement humain.
En ce qui concerne Mili Eshet, qui joue le rôle de Yifat, je n'aurais jamais imaginé, même dans mes rêves les plus fous, une actrice aussi intelligente et pure. Je pense qu'elle incarne le mystère, pour moi la vertue la plus importante qu'un acteur puisse posséder. La maturité émotionnelle qu'elle dégage va bien au-delà de son âge.
Enfin, Noam Amber, qui interprète Omri, est doux et sensible. Il est comme un petit oiseau dans un corps d'adulte. Il a été une vraie découverte pour moi.

« Le problème, ce sont les pouvoirs aux accents fascistes présents au sein du gouvernement. »

Quel regard portez-vous sur l'industrie du cinéma de votre pays ?

Je ne sais pas si le terme “industrie” est approprié… “quelques personnes qui font des films” me semble plus pertinent ! Je pense que d'un point de vue artistique, il n'y a aucun doute sur le fait que la production a été impressionante ces dernières années. Le problème, ce sont les pouvoirs aux accents fascistes présents au sein du gouvernement. Ils essaient d'influencer la réalisation des films à des fins politiques.

Vos sources d’influence ?

La musique. Je dessine principale en m'inspirant de ce que j'écoute. Pour ce film, cela faisait presque un an que j'écoutais de la musique israélienne. Des vieux succès très beaux et complexes, presques tragiques, résonnant comme une prophétie.

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?

Je vais débuter le tournage de Let There be Morning, une adaptation du livre éponyme de l'auteur palestinien Sayed Kashua.